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Damas: Sarkozy tente de prendre les devants, sans les Américains

Nicola Sarkozy a achevé hier sa visite de deux jours en Syrie. « Nos deux pays sont en train d’ouvrir une nouvelle page dans leurs relations », avait-il déclaré dans une interview accordée au quotidien syrien Al-Watan. En fait, la visite du chef de l'Etat Français, et président en exercice du Conseil européen, avait surtout pour but de faire pression sur l'Iran, via la Syrie, au sujet du nucléaire.

"L'Iran prend un risque majeur à continuer le processus d'obtention du nucléaire militaire - ce qui est notre certitude - parce qu'un jour, quel que soit le gouvernement israélien, on peut se retrouver un matin avec Israël qui a frappé", a-t-il déclaré. "Il ne s'agit pas de savoir si c'est légitime, intelligent ou pas. Qu'est-ce qu'on fera à ce moment-là? Ca sera la catastrophe. Il faut éviter cette catastrophe"

Le problème est que le Syrien Bachar al-Assad ne semble pas du tout voir les choses de la même façon. Le nucléaire iranien est exclusivement civil à ses yeux et son voisin doit être indemne de tout soupçon. La partie n'est pas encore gagnée pour Nicolas sarkozy qui est visiblement pressé de faire entendre la voix de l'Europe pendant que les Américains sont occupés aux présidentielles.

Nicolas Sarkozy a par ailleurs assisté à un sommet quadripartite, rassemblant le président syrien Bachar al-Assad, l'émir du Qatar Hamad Bin Khalifa Al-Thani et le Premier ministre turc RecepTayyip Erdogan.

Une rencontre destinée semble-t-il à faire avancer les négociations entre la Syrie et Israël par l’entremise d’Ankara. Des discussions qui devaient entamer une cinquième étape, centrée notamment sur un sujet délicat: le tracé des frontières le long du lac de Tibériade. La question clé restant par ailleurs celle du plateau du Golan, région syrienne occupée par Israël depuis la guerre des six jours de 1967 et annexée en 1981 par l'état hébreu.  

Ces négociations ont été cependant ajournées en raison de la démission du négociateur en chef israélien Yoram Turbowitz. Sans doute faudra-t-il aussi attendre que le successeur d'Ehud Olmert, démissionnaire, prenne ses marques.

Entre temps, la diplomatie américaine aura probablement fait son retour dans la région, ce qui risque de changer quelque peu les règles du jeu. Contrairement à la l'Elysée, la Maison Blanche est plutôt méfiante, n'accordant pas beaucoup de crédit à la bonne volonté affichée de la Syrie pour son "ouverture" sur la scène internationale.   

Le président Assad a annoncé par ailleurs que les relations diplomatiques entre la Syrie et le Liban seraient examinées dans les mois prochains et que les deux pays devraient nommer de nouveaux ambassadeurs d'ici fin 2008.  

Le président Sarkozy avait crée la surprise et suscité nombre de commentaires en invitant Bachar al-Assad au défilé militaire du 14 juillet, au lendemain de la première rencontre de l’Union Pour la Méditerranée (UPM).

Lors de leur rencontre à Paris en juillet, Assad et Sarkozy sont convenus de promouvoir la coopération entre les deux pays dans les secteurs de l'énergie et des transports aériens, dans l'exploration pétrolière, la production d'électricité, et le développement d'énergies recyclables.

Nicolas Sarkozy est le premier chef d'Etat occidental à se rendre en visite en Syrie depuis plusieurs années. Les relations entre la France et la Syrie avaient été gelées durant le mandat de Jacques Chirac, après l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri, en février 2005. Le pouvoir de Damas étant soupçonné d’en être à l’origine.