France : chronique d’un «racisme ordinaire» à la SNCF
Par yazPublié le
Loin de constituer un exemple, l’entreprise publique Française SNCF serait gangrénée par un «racisme ordinaire», selon des témoignages recueillis par un collectif d’employés qui dénonce le laxisme de l’encadrement, rapporte mercredi 4 juillet la radio France Info, d’information continue.
« Le travail de ma vie est devenu le cauchemar de ma vie… » décrit Nourdine, 38 ans, guichetier. Son salaire n’a été augmenté que de huit euros net tous les trois ans depuis le début de sa carrière. Il estime que cela n’est pas sans lien avec ses origines.
« Quand je suis arrivé au bureau juste après avoir eu mon examen, personne n'a souhaité me former parce que j'étais le premier salarié d'origine étrangère à arriver dans cette équipe-là. Le même jour j'ai trouvé au bureau accueil un fax pour moi. Des injures y était écrites telles que "sale bougnoule" et j'en passe », raconte-t-il.
Informés, ses chefs ne bronchent pas, ou lui proposent une mutation à Maux, ville où il sera «parmi les siens», lui dit-on. Le dossier de Nourdine, soutenu par le défenseur des droits, sera jugé prochainement aux Prud'hommes.
Le collectif se défend de généraliser, mais pointe surtout « l’inertie » et l’indifférence de l’encadrement.
Étouffer les situations délicates…
« Notre direction ne déjuge pas les gens qui insultent ou freinent les carrières. Les syndicats eux ne font rien. C'est pour cela qu'on a décidé de monter un collectif. En se contactant par internet, on a compris que nous n'étions pas des cas isolés et qu'il fallait parler. On a aussi constaté que la méthode des managers étaient toujours la même : ils préfèrent étouffer les situations délicates plutôt que les tirer au clair et de sanctionner les responsables » s'indigne Radouane Kebdi, porte-parole du Colectif.
La direction de la SNCF rejette sans surprise ces accusations de laxisme, et met en avant la charte de la diversité signée en 2004.
Les responsables exhibent les plaquettes papiers intitulées "manuel diversité à usage des managers" ou encore "faire vivre la diversité entre agents dans l'entreprise".
Il y est mentionné que les blagues homophobes sont inacceptables, que les injures raciales sont un délit ou encore qu'il ne fait pas se moquer des choix religieux de ses collègues.
L’entreprise reconnaît tout au moins l’existence, parfois, d’un « sentiment de discrimination de la part de certains agents », mais qui ne correspondrait « forcément à une réalité de discrimination ».
De son côté le Défenseur des Droits, institution constitutionnelle qui lutte contre les discriminations depuis 2011, confirme que la SNCF est mise en cause dans certains dossiers de «discrimination ethnique »
« C'est le problème souvent des grandes entreprises, il y a une bonne volonté en haut de la pyramide, mais dans les faits, à la base, les consignes de respect des droits ne sont pas forcément bien suivies », explique Slimane Laoufi, responsable pour le Défenseur des Droits du pôle "emploi privé ».
La SNCF se refuserait enfin à tout commentaire s’agissant d’une affaire sensible concernant 744 cheminots marocains recrutés dans les années 70. Ces derniers ont porté plainte car ils ont été privés, tout le long de leur carrière, des droits accordés à leurs collègues français…