Robert Ménard stigmatise les « pauvres », les « maghrébins » et les « gitans » de Béziers
Par nicolas éthèvePublié le
Nous ne le répéterons jamais assez et reposerons la question à chaque nouvelle saillie (verbale ou écrite) de Robert Ménard : comment l'ex-président de Reporters Sans Frontières a-t-il pu affirmer au micro de Médiaterranée Languedoc-Roussillon ne pas avoir de « problématique politique » en accusant 90 % des journalistes d'avoir un problème à ce niveau là (voir ici), pour ensuite se déclarer, quelques mois après, candidat à la candidature à la mairie de Béziers ? La question se pose encore et toujours, après la nouvelle pierre posée à son édifice par Robert Ménard à la faveur de sa dernière tribune libre publiée dans Nouvelles de France, comme sur son blog, et relevée d'abord par Midi Libre, puis par le Huffington Post.
Une nouvelle saillie
Intitulée « Se sentir chez soi » (sic!), cette nouvelle saillie stigmatise les « pauvres », les « maghrébins » et les « gitans » comme agents de transformation insupportables d'un centre-ville de Béziers déserté par les bourgeois et donc vidé de son cœur, de son âme, aux yeux des bitterois, selon Robert Ménard qui affirme là, en tout cas, sa propre opinion.
Voici précisément l'un des extraits concernés : « Les paraboles punaisent les façades d’immeubles occupés par des pauvres, des maghrébins, des gitans. Les bourgeois ont fui. Les Biterrois ne reconnaissent plus leur ville ». Robert Ménard stigmatise ensuite, tout de même, « les marchands de sommeil », mais brandit à nouveau très vite sa plume contre « les bénéficiaires des minimas sociaux », avant de sombrer à nouveau irrémédiablement dans la théorie du choc des civilisations, avec son lot de peurs et de haines sécuritaires qu'elles génèrent et qui seraient - fantasque scénario - partagées par tous les biterrois rencontrés par l'animateur vedette au cours de ses vacances estivales passées à Puissergier, son village d'enfance situé à une douzaine de kilomètres de Béziers.
« De droite comme de gauche, les personnes que je rencontre ne me parlent que de ça, écrit l'ex-animateur vedette. Elles se vivent en insécurité, étrangères à leur propre ville. Ni racistes ni xénophobes. Elles veulent juste se sentir chez elles, voir les nouveaux venus se plier à ces règles de civilité qu’a inventées le Pays d’Oc. Un pays de tout temps ouvert au monde, ouvert aux autres. Leur colère n’est pas tant dirigée contre cet islam qu’elles sentent, qu’elles craignent conquérant – au fond, pourquoi reprocher aux mosquées de prospérer quand nous désertons nos églises ? – mais vers ces politiques qui, des deux bords, font comme si de rien n’était, jouent sur les mots, fuient leurs responsabilités. Au fond, elles ne veulent qu’une chose : qu’on se soucie d’elles ».
Choc des civilisations et idéologies des classes dangereuses
Après celles du choc des civilisation et de l'idéologie des classes dangereuses, les rengaines du « tous pourris » et de l'homme providentiel, propres au poujadisme, ne sont pas loin... Adepte de la cabriole, comme les lecteurs de Médiaterranée Languedoc-Roussillon ont pu l'observer cette année écoulée, et récemment mis en cause par Christopher Beldelli, le PDG de RTL, qui a déclaré fin août dans Télérama, que sa radio n'était pas complaisante avec l'extrême droite, donnant, pour preuve, le licenciement de l'ex-président de Reporters Sans Frontières opéré par sa station (« J'ai viré Robert Ménard bien avant qu'iTélé ne s'y résolve »), le candidat potentiel à la mairie de Béziers finit sa tribune libre sur cette touche, apparemment altruiste, mais qui s'empare à nouveau, en fait, de la parole d'autrui à son propre compte : « Quant aux nouveaux arrivants, venus pour la plupart de l’autre rive de la Méditerranée, une fois installés, insérés tant bien que mal, ils revendiquent la même attention. Et refusent, à leur tour, qu’on ouvre nos portes – et les leurs – à tout vent. Les entendra-t-on ? »
Pour la petite anecdote, Georges Frêche, l'ex-président DVG de la Région Languedoc-Roussillon, avait depuis longtemps analysé et surtout pointé du doigt ce type de raisonnements et de parcours tortueux : il n'avait pas pris de gants pour le dire en personne, les yeux dans les yeux, face à Robert Ménard, et en direct sur un plateau de télévision... Reste à savoir quelle sera la prochaine saillie de Robert Ménard et, surtout, quel sort réserveront les biterrois à ses velléités de candidature dans cette commune de Béziers au 2ème rang démographique de l'Hérault...
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