Trump envisage de déporter les survivants de Gaza, Netanyahu s’en réjouit. Qui pour stopper ce duo démoniaque ? (Édito)
Par Nadjib TOUAIBIAPublié le
C’est un film d’horreur. Cela commence par un génocide et se poursuit par la déportation d’une population meurtrie, agonisante.
La première phase, non encore vraiment achevée, a détruit des centaines de milliers de vies, surtout celles d’enfants et de femmes, a enseveli sous les décombres un nombre inconnu de victimes. Les survivants, lorsqu’ils ne sont pas handicapés ou condamnés à l’assistance, se traînent au milieu des ruines de ce qui fut un jour leur lieu d’habitation, malgré un enfermement de près de vingt ans sous un blocus sauvagement inhumain. L’Histoire retiendra que ce fut l’œuvre d’un délinquant politique, criminel de guerre, porté et maintenu au pouvoir par une extrême droite rageusement raciste et expansionniste, nourrie, sans ambiguïté aucune, à la source de l’idéologie nazie ; d’un dirigeant soutenu par une grande partie des chefs d’État occidentaux d’une grande lâcheté, dirigeants de pays responsables de barbarie coloniale et d’extermination de masse.
Qui peut honnêtement soutenir que cette folie meurtrière était une réponse proportionnée aux actes terriblement criminels commis par le Hamas le 7 octobre 2023 ? Des faits rendus possibles par la fièvre de la toute-puissance israélienne, par l’aveuglement de ce pays dans une répression continue des civils palestiniens, et par les mauvais calculs d’une opération d’instrumentalisation du Hamas.
La presse des milliardaires, qui accompagne le capitalisme prédateur à son apogée, s’en réjouit, l’encourage et l’applaudit. Ces publications ne voient-elles pas dans le délire américain la simple volonté d’un magnat de l’immobilier avide de nouveaux chantiers ?
La deuxième phase est une idée en gestation dans l’esprit du président d’une grande puissance, investi par une vague populiste d’un autre âge, fruit d’une combinaison explosive d’obscurantisme, de discours démagogique et de manipulation, de chauvinisme, de stigmatisation des minorités et des plus faibles, et de culte de la personnalité. Un président pondeur de mesures quotidiennes spectaculaires et insensées, dont la presse se fait l’écho avec une grande indulgence, signalant de vagues « critiques », prompte à surfer sur le sensationnel pour noircir du papier.
La presse des milliardaires, qui accompagne le capitalisme prédateur à son apogée, s’en réjouit, l’encourage et l’applaudit. Ces publications ne voient-elles pas dans le délire américain la simple volonté d’un magnat de l’immobilier avide de nouveaux chantiers ? Gaza n’en est-elle pas un ? N’est-ce pas un joyau de démolitions à couper le souffle de tous les constructeurs ? Alors, pourquoi ne pas admettre que cet humanitaire veuille généreusement déplacer ces hommes, ces femmes et ces enfants qui tiennent encore debout, vers les pays voisins, les mettre à l’abri et édifier enfin une cité de rêve dans la bande de Gaza vidée de ses « restes » ? Parions que cette presse-là va très vite fabriquer les dispositifs médiatiques pour faire passer un tel message insidieux.
Au lendemain des déclarations ahurissantes de Donald Trump sur l’avenir promis à Gaza, en présence de Benjamin Netanyahu pressé de « finir le travail », la question se pose de savoir qui arrêtera ce duo démoniaque tenté par la déportation des Palestiniens, à la manière de clones modernes de nazillons. Piégée par les menaces d’une guerre économique, la grande Europe n’en fera rien. Il ne faut rien attendre non plus des régimes arabes totalitaires, prêts à toutes les concessions en échange de protection. Peut-on donner un quelconque crédit au rejet par l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie du plan américain ? Ces mots-là vont vite voler en éclats dans l’imbroglio géopolitique et la recomposition des alliances avec la bénédiction du soutien américain.
Que reste-t-il alors ? Disons-le tout net : il n’est pas d’autre voie que la Résistance palestinienne, quelle que soit sa couleur politique. Celle qui porte aujourd’hui les armes et celle de la génération qui a vu le jour depuis la dévastation épouvantable de Gaza. Leçon de l’Histoire : les auteurs de crimes de grande ampleur ne triomphent jamais. Ni Trump, ni Netanyahu, ni les milliardaires sans scrupules qui les entourent n’y pourront rien. S’il y a désormais un compte à rebours, il est pour ces fossoyeurs de l’humanité.