Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Mouallem (Photo:DR)

Le gouvernement syrien annonce de prochaines élections, sur un champ de cadavres

Incroyable cynisme ! Alors que les tirs à balles réelles de l'armée et de la police font au quotidien des dizaines de morts, le pouvoir syrien annonce tranquillement l'organisation de prochaines élections législatives. "La Syrie tiendra des élections libres et transparentes qui donneront naissance à un Parlement représentant les aspirations du peuple syrien, par le biais du multipartisme politique autorisé par la loi des partis et les multiples garanties qu'offre la loi électorale", a déclaré le ministre des affaires étrangères syrien, Walid al-Mouallem, samedi 6 août, lors d'une rencontre avec des ambassadeurs à Damas, selon l'agence officielle Sana.
"Les élections générales auraient lieu avant la fin de l'année et le nouveau Parlement élu se chargerait de réviser les lois adoptées récemment", a-t-il ajouté. Le ministre a évoqué "l'attachement du pouvoir syrien à la poursuite du processus des réformes et l'application des mesures annoncées par le président Bachar Al-Assad".
"Pour le pouvoir syrien, la voie du règlement de la crise actuelle est celle du dialogue national", a-t-il affirmé. "Mais en l'absence d'un tel dialogue en raison de la position négative de l'opposition, il ne nous reste que la voie des réformes, qu'aucune action n'entravera", a argumenté Walid al-Mouallem, évoquant "en particulier les lois des partis politiques et des élections générales que le président Assad a promulguées récemment".
Sur le terrain, les chars et autres véhicules militaires continuent à se déployer autour des villes rebelles, notamment à Deir Ezzor (est) et autour de Homs (centre). Les agences de presse rapportent que vingt-deux personnes ont été tuées vendredi par les forces de sécurité lors de manifestations massives qui se sont déroulées dans plusieurs villes de Syrie, notamment à Homs.
L'annonce du pouvoir syrien intervient au moment où commence enfin à prendre forme la pression internationale, les récentes tueries dans la ville de Hama ayant fait réagir même les alliés russes. Mais il n'est sans doute pas d'illusion à se faire sur la portée de telles annonces plutôt destinées à dresser un écran de fumée devant les crimes horribles dont se rendent coupables au quotidien l'armée et la police syrienne. Bachar alAssad entreprend une fuite en avant avec l'objectif de couper l'herbe sous les pieds à l'opposition qui peine à se rassembler et à trouver des soutiens. Le président syrien tente de diviser ses opposants en se présentant sous le jour d'un dirigeant favorable aux réformes et d'accréditer ainsi la thèse du complot. Le régime de Bachar al-Assad entend se maintenir en organisant une parodie de consultation électorale sur un champ de cadavres. Le fait est que la détermination des manifestants ne faiblit pas. La population semble être prête à de lourds sacrifices pour se débarrasser de ses dirigeants. Le cordon de la peur a été brisé.