Le président François Hollande et sa compagne savourent la victoire. (Xinhua)

France : les réactions politiques à l'élection de François Hollande

La victoire dimanche de François Hollande à l'élection présidentielle avec 51,62 % des voix, contre 48,38 % pour Nicolas Sarkozy, a suscité de nombreuses réactions politiques, la gauche saluant la victoire du candidat socialiste et la droite la campagne du président sortant.

"Ce que nous voulons avec François Hollande, c'est que ce ne soit pas ce soir seulement la victoire de certains contre d'autres, d'un camp contre l'autre, mais la victoire de la France qu'il veut redresser, dans laquelle il veut remettre la justice, et surtout le rassemblement des Français", a déclaré dimanche soir sur TF1 Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste (PS).

La victoire du candidat socialiste à l'élection présidentielle n'est "pas seulement la victoire d'un camp contre l'autre mais la victoire de la France", a-t-elle ajouté, se disant "fière de la victoire de François Hollande, après une très longue attente".

Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a exprimé dimanche soir au siège du parti son "très grand bonheur" à l'annonce de la victoire de François Hollande qui "met fin à 17 ans de règne de la droite à l'Elysée, 17 ans de politique de droite et à l'intérieur de ces 17 ans, la parenthèse du sarkozysme qui a accumulé les régressions sociales et démocratiques".

Régression, dégradation...

Au cours de cette période, "il n'y a pas beaucoup de secteurs qui ont été épargnés par la régression et la dégradation des conditions de vie des gens", a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs rappelé l' approche des élections législatives en juin qui seront nécessaires pour "donner à François Hollande une majorité large de gauche avec laquelle il pourra gouverner, pour ensuite reprendre un cycle d'améliorations concrètes de la vie des gens dans tous les domaines : logement, emploi, santé".

"Je ne crois même plus en l'état de grâce. Je crois que les Français ne vous signent plus de chèque en blanc. Ils ont tellement d'attentes à l'égard du politique, il va falloir très vite faire nos preuves", a pour sa part estimé dimanche soir sur France 2 Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole de campagne de François Hollande.

"Dès (lundi) matin, il faut que nous soyons réunis pour nous mettre au travail pour redonner du pouvoir d'achat et accompagner les entreprises pour qu'elles créent des emplois, cela ne peut pas attendre", a-t-elle ajouté, se disant certaine que Hollande incarnera une "République nouvelle".

Invitée dimanche soir du France 2, Ségolène Royal, candidate socialiste qui s' était inclinée devant Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle de 2007, a exprimé un "sentiment de joie profonde" à l' annonce de la victoire de François Hollande.

Elle a rendu hommage à la "cohérence de sa campagne", au cours de laquelle il n'a jamais "dévié de son cap, de sa ligne", tout en soulignant que son ancien compagnon est "conscient de l'énormité du travail à accomplir".

"Mes premières pensées vont vers Nicolas Sarkozy", a de son côté déclaré dimanche soir sur France 2 le secrétaire général du parti de Nicolas Sarkozy (Union pour un mouvement démocratique, UMP), Jean-François Copé, affirmant que le président sortant a été "un grand homme d'Etat".

"L'heure est à la mobilisation maintenant" en vue des élections législatives de juin, a-t-il ajouté, jugeant qu' il "n'est pas bien de donner tous les pouvoirs à la gauche".

Interrogé lundi matin sur RTL, le patron de l' UMP a également estimé que Nicolas Sarkozy "restera certainement dans cette période si troublée un grand président de la République, un homme d' Etat qui a beaucoup de courage (...) et qu'il a pris des décisions très courageuses durant toutes ces années qui ont permis que la France tienne son rang dans des périodes très difficiles".

"Le fossoyeur des acquis sociaux et des services publics"

"Nous avons perdu cette élection présidentielle, en dépit, je crois d'une belle campagne mais, non, ce n'est pas fini", a pour sa part déclaré dimanche soir sur France 2 Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy.

"Aujourd'hui tous les pouvoirs peuvent être aux mains des socialistes, la présidence de la République, une majorité des régions, des départements, des grandes villes", a-t-elle ajouté, soulignant que la France est un pays d'équilibre".

"Si ce soir Hollande a été élu, c'est qu'il y a beaucoup de votes blancs, et voter blanc c'est voter François Hollande", a-t-elle par ailleurs déclaré dimanche soir sur TF1, accusant la candidate du Front National, Marine Le Pen, d'avoir aidé François Hollande à remporter l'élection présidentielle.

Arrivée troisième au premier tour de l' élection avec 17,9 % des voix, Marine Le Pen a pour sa part imputé dimanche à Nicolas Sarkozy "la responsabilité de l'échec" de son camp.

"C'est Nicolas Sarkozy qui a participé à la victoire de François Hollande", a-t-elle déclaré sur TF1, dénonçant "tous les dirigeants de l'UMP qui n'ont eu de cesse entre les deux tours d'expliquer que voter socialiste, c'était plutôt pas si mal que ça", que ce n' était "pas dramatique".

"Je félicite François Hollande pour son élection. Son avantage lui donne les moyens d'agir. Je souhaite le meilleur au nouveau président comme à notre pays", a pour sa part déclaré Jean-Luc Mélenchon, ex-candidat du Front de gauche à la présidentielle arrivé quatrième au premier tour avec 11,1 % des voix, s' exprimant depuis son siège de campagne en région parisienne.

"Ainsi est réglé le compte du fossoyeur des acquis sociaux et des services publics de notre République. Sa défaite est celle de son projet d'extrême-droitisation. C'est une très bonne nouvelle pour la France et pour l'Europe", a-t-il ajouté.

Le candidat du Mouvement démocratique (centre), François Bayrou, arrivé cinquième au premier tour de l' élection présidentielle avec 9,13 % des voix, a estimé dimanche soir dans un communiqué que l'élection de François Hollande "traduit, dans un moment de crise profonde, le grand besoin de changement du pays".

Il a en outre appelé le nouveau président élu à "construire dans l'action un esprit d'unité nationale", estimant qu'il s'agissait là de "la responsabilité la plus importante du nouveau président".

"Si la France s'unit, elle peut faire face. Si elle persiste dans ses divisions, elle échouera. C'est la responsabilité la plus importante du nouveau président de la République, et le plus important des souhaits qu'on doit formuler à l'heure où son mandat va commencer", a-t-il ajouté.

"Aujourd'hui c' est la victoire de la gauche, de toutes les gauches et des écologistes rassemblés et cela suffit à mon bonheur pour ce soir", a pour sa part déclaré à la presse dimanche soir Eva Joly, candidate d' Europe Ecologie-Les Verts arrivée sixième au premier tour de la présidentielle avec 2,31 % des voix.

Le nouveau président français a par ailleurs reçu dès dimanche soir de nombreux messages de félicitations de chefs d' Etat et de gouvernement étrangers, comme le président des Etats-Unis Barack Obama, le Premier ministre britannique David Cameron, la chancelière allemande Angela Merkel, le chef du gouvernement italien Mario Monti, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, le Premier ministre irlandais Enda Kenny, le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho, la Première ministre socialiste danoise Helle Thorning-Schmidt, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, le roi du Maroc Mohammed VI, le président de l'Assemblée constituante tunisienne Mustapha Ben Jaafar, Le président gabonais Ali Bongo Ondimba, le président sud-africain Jacob Zuma, le Premier ministre canadien Stephen Harper, la présidente brésilienne, Dilma Rousseff, le président vénézuélien Hugo Chavez, le président colombien Juan Manuel Santos ou encore le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.