Le Luxembourg expulse un Marocain en jet privé
Par jcsPublié le
L’information pourrait faire sourire si elle n’était pas si grave. Dimanche, un jeune Marocain a été expulsé du Luxembourg en jet privé. Il venait de passer en tout deux ans en centre de rétention dans le Grand-Duché.
Le Luxembourg est réputé pour son statut fiscal avantageux et son niveau de vie élevé. Si bien que même pour procéder à l’expulsion des clandestins indésirables, le pays n’hésite pas à sortir les grands moyens.
Selon le site L’avenir.net, qui traite de l’actualité en Belgique et au Luxembourg, c’est bien en jet privé qu’un jeune Marocain en situation irrégulière a été renvoyé dans son pays d'origine.
Le journal en ligne cite des militants associatifs luxembourgeois, qui se sont élevés contre cette décision. Selon eux, mise à part sa situation de sans-papier, le jeune homme n’avait jamais commis le moindre acte illégal au Luxembourg.
Deux précédentes expulsions ratées
Toujours selon ces militants, la décision de l’expulser en jet privé, sous haute surveillance policière, a été prise, car le clandestin était parvenu à fausser compagnie à ses gardes lors de deux précédentes expulsions sur des vols réguliers.
Ils expliquent également que le jeune Marocain a passé au total deux ans en centre de rétention au Luxembourg. Mais ces périodes d’enfermement ont été effectuées en plusieurs phases.
Au Luxembourg, les autorités sont dans l’obligation de relâcher une personne retenue au bout de six mois. Dans le cas du jeune Marocain, le délai de rétention maximal allait expirer le 11 mai.
Après les tentatives d’expulsion infructueuses, les autorités n’ont pas voulu courir le risque de voir le clandestin leur échapper de nouveau. Ils ont alors affrété ce jet privé spécialement pour lui, malgré l’organisation et le coût financier énorme que cela implique.
Le jet privé, un “moyen complémentaire”
Pourtant, cette procédure n’est pas un cas isolé au Grand-Duché. Nicolas Schmit, le ministre de l’Immigration luxembourgeois, a expliqué au quotidien local L’Essentiel, que les autorités devaient parfois “déployer des moyens complémentaires pour permettre aux personnes en situation irrégulière de rejoindre leur pays natal.”
Le recours au jet privé fait donc partie des “moyens complémentaires” en question. “Parfois nous n'avons pas d'autre moyen que d'affréter un avion privé. C'est notamment le cas lorsque les personnes refusent de monter dans un avion de ligne ou échappent aux policiers qui les escortent”, poursuit ainsi le ministre.
En France aussi
Le Luxembourg n’a toutefois pas l’exclusivité de ce genre de pratiques. Même si cela n’est pas systématique, la France procède régulièrement à des expulsions par vol privé. Généralement ce sont des situations où la police craint que des passagers d’un vol régulier interviennent en faveur des personnes expulsées.
Cette méthode permet donc aux autorités d’agir en toute discrétion, et d’empêcher les actions de militants ou d’associations de défense des sans-papiers.
Ce fut le cas par exemple pour une famille de Géorgiens, expulsée en août 2010. Depuis plusieurs années, la France dispose ainsi d’une vingtaine de places disponibles, louées auprès d’une compagnie privée, afin de pouvoir agir de la sorte.
Rappelons par ailleurs que fin avril, Pascal Canfin, ministre écologiste du gouvernement français, en charge du Développement, avait refusé “en conscience” d’embarquer sur un vol à destination du Mali, transportant un ressortissant malien expulsé dans son pays d’origine.