Jean-Marie Le Pen, ancien tortionnaire en Algérie et patriarche de l’extrême-droite française, est mort

Jean-Marie Le Pen, ancien tortionnaire en Algérie et patriarche de l’extrême-droite française, est mort

Jean-Marie Le Pen, figure emblématique de l'extrême droite française et fondateur du Front national, est décédé à l'âge de 96 ans. Son parcours politique, profondément ancré dans l'anticommunisme, la xénophobie et l'antisémitisme, a laissé un héritage plus que controversé qui continue de fracturer la société française. 

Son implication active dans les guerres coloniales, notamment en Indochine et en Algérie, a marqué le début de sa carrière politique, qui s'est ensuite étendue sur plusieurs décennies. Malgré de nombreux procès et condamnations, il a su prospérer dans le paysage politique français, atteignant l'apogée de sa carrière lors du choc du 21 avril 2002, lorsqu'il accéda au second tour de l'élection présidentielle.

Né en 1928 en Bretagne, Le Pen fut orphelin de guerre à un jeune âge, un détail qu'il utilisa pour forger une image de patriote dévoué. Après des études en droit, il s'engagea dans l'armée et fut envoyé en Indochine puis en Algérie. En tant qu'officier de renseignement à Alger, il impliqué dans des actes de tortures et d'exécutions sommaires. 

Des preuves accablantes sur la torture

Bien que les faits soient largement documentés, il persista à minimiser ou à nier la portée de ses actions, tout en défendant la nécessité des méthodes employées par l'armée française. Ce passé colonial et les accusations de torture qui s'y rattachent ont été analysés par des historiens, dont Fabrice Riceputi, qui a exposé les preuves accablantes dans son ouvrage consacré à la période algérienne de Le Pen.

De retour en France, Le Pen démarra véritablement sa carrière politique dans le sillage du mouvement poujadiste, accédant pour la première fois à l'Assemblée nationale en 1956. Sa fidélité à une vision coloniale de la France se manifesta par un soutien sans faille à l'Algérie française et à l'OAS, un groupuscule terroriste opposé à l'indépendance algérienne. Il créa ensuite une multitude de petits partis et groupements avant de fonder en 1972 le Front national, un parti qui allait synthétiser le nationalisme maurrassien et le populisme poujadiste.

Étrangers et communistes, ses ennemis jurés

Malgré un démarrage électoral modeste, le Front national gagna en influence au cours des années 1980, notamment en s’attaquant aux thématiques de l'immigration, du chômage et de l'insécurité, faisant de l'étranger et du communisme ses ennemis jurés. Les succès électoraux et médiatiques se multiplièrent, mais toujours accompagnés de controverses et de scandales. Le Pen ne se départit jamais de ses propos provocateurs, qu'il s'agisse de minimiser les atrocités nazies ou de lancer des diatribes contre les homosexuels et les minorités.

Le Front national, sous la direction de Le Pen, évolua pour devenir non seulement une force politique redoutée mais aussi une entreprise familiale. En effet, la succession de Le Pen par sa fille Marine Le Pen à la tête du parti marqua un tournant stratégique vers une dédiabolisation à l’aide de discours démagogiques. Cependant, cette supposée transformation n'atténua ne permit au FN de se détacher de sa réputation de parti fondamentalement raciste qui se nourrit de la haine et exploite la détresse des Français laissés-pour-compte.