France : la Cour des comptes épingle la gestion de la sécurité publique

Des résultats qui n’ont pas été à la hauteur des moyens attribués et des livraisons statistiques très discutables, tel est le diagnostic des "sages" sur la gestion de la sécurité des personnes et des biens. De quoi déclencher la grogne Place Beauvau. Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, voit rouge et crie à l’impartialité et au complot.


Epais de 248 pages, le rapport publié jeudi 7 juillet est intitulé «L'organisation et la gestion des forces de sécurité publique».

L'enquête a porté sur un échantillon de 52 villes d'Ile-de-France, Rhône-Alpes et PACA auprès des préfectures, des services chargés de la sécurité publique, de la gendarmerie et des procureurs.

Une organisation couteuse et complexe

Selon la Cour des comptes, entre 2002 et 2010, «les forces de police et de gendarmerie ont bénéficié d'un renforcement de leurs crédits et de leurs effectifs pour accomplir leurs missions», mais les «les résultats obtenus dans la lutte contre la délinquance ont été contrastés».

Le rapport indique qu’entre janvier 2010, quelque 63 000 agents étaient chargés des missions de sécurité publique sur un nombre total de 143 000 fonctionnaires. Ces effectifs ont progressé de 2,1 % entre 2003 et 2009 en métropole. Or, «plus de la moitié de cet accroissement a été effacée en 2010 par la diminution générale des emplois dans la police», relèvent les "sages ", qui estiment par ailleurs que l'organisation du temps de travail dans la police est «coûteuse et complexe».

Quant aux chiffres de baisse de la délinquance rendus publics par le ministère de l'intérieur jusqu'en 2009, ils résultent «d'un calcul non pertinent en raison de son hétérogénéité».

Les rapporteurs ne sont pas avares de détails. Ils précisent qu'entre 2002 et 2009, les atteintes à l'intégrité physique des personnes - en hausse de 20 % - sont enregistrées par les services de police «selon la qualité de la victime ou la nature des faits sous une quinzaine d'index statistiques qui ne leur sont pas réservés». Autrement dit, le brouillard total, sans compter que certaines catégories de plaintes passent carrément à la trappe.

Les « sages » pointent également les données statistiques qui font curieusement du « yo-yo », notamment. Sur l'année 2009, le rapport souligne «les inversions de tendance de grande ampleur, comme dans le Haut-Rhin où une baisse de 12,2 % en 2008, a laissé place à une hausse de 14,6 % l'année suivante. Ce phénomène a été observé en Gironde, dans la Manche, le Morbihan, l'Orne, l'Oise, l'Ain, en Ille-et-Vilaine, Haute-Corse et Savoie».

La Cour note également que «la répartition spatiale de l'ensemble des forces devrait être mieux corrélée avec la taille de la population et l'importance de la délinquance constatée". Selon l'institution, "La présence policière apparaît relativement insuffisante dans certains lieux et, à l'inverse, excessive dans d'autres".

Et de rappeler enfin avec raison que «Le recours croissant à la vidéosurveillance de la voie publique ne peut se substituer à l'action des forces de sécurité étatique».

Le ministre de l'Intérieur qui voit désespérément petit, s'est empressé d'attribuer le contenu de ce rapport à l'étiquette socialiste du président de la Cour des compte. En fait, Claude Guéant craint surtout de décevoir la frange électorale de l'extrême droite qu'il s'épuise à vouloir rallier.