France : les services d’urgence débordés par une forte épidémie de grippe
Par La rédactionPublié le
Depuis les vacances de fin d'année, les hôpitaux français font face à une pression accrue en raison d'une épidémie de grippe qui ne montre aucun signe de ralentissement.
Au CHU de Rennes, situé en Ille-et-Vilaine, les urgences doivent traiter quotidiennement jusqu'à 240 patients, un chiffre qui dépasse largement le seuil de 120 pour lequel le service a été conçu. Une quarantaine de patients sont en attente sur des brancards, un signe clair de saturation.
À Nantes, en Loire-Atlantique, le syndicat CGT a rapporté que les urgences du CHU accueillaient plus de 150 patients dimanche soir, avec encore 120 patients présents le lundi à 19 heures. Cela dépasse notablement le seuil de 115, défini par le CHU comme une "zone de risque pour les patients".
Cette surcharge exceptionnelle des hôpitaux, particulièrement marquée durant les fêtes, résulte d'une hausse des pathologies liées à la grippe et de patients polypathologiques présentant des complications.
Pas de lits disponibles pour accueillir les malades
Le professeur Louis Soulat, chef des urgences du CHU de Rennes, souligne également un manque criant de lits disponibles pour accueillir ces malades.
Le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France révèle que 63 % des patients hospitalisés pour des infections respiratoires la semaine dernière avaient plus de 65 ans. Pour faire face à cette crise sanitaire, plus d'une vingtaine d'hôpitaux ont activé leur plan blanc dès la deuxième semaine des vacances.
Les décès suite à la grippe en hausse de 3,8% la semaine dernière
Cette mesure d'urgence permet de reporter les opérations non urgentes, rappeler le personnel en congés ou le réaffecter à d'autres services. Des établissements à Dieppe, Lisieux, Vannes, Ploërmel, Laval, Nantes, Cholet, Saint-Nazaire et Rennes figurent parmi ceux ayant appliqué cette stratégie.
Malgré la similitude avec l'épidémie de grippe de 2018-2019, rien n'indique que la virulence de la grippe ait augmenté. Néanmoins, la proportion de décès mentionnant la grippe a augmenté à 3,8 % la semaine dernière, contre 1,9 % la semaine précédente. Les souches A H1N1 et B/Victoria, qui circulent actuellement, sont incluses dans le vaccin. Cependant, la souche A H3N2, également présente mais non incluse dans le vaccin, pourrait poser des défis supplémentaires.
10 millions de vaccins vendus
Au début de l'épidémie, ce sont principalement les moins de 18 ans qui étaient touchés. Mais désormais, toutes les classes d'âge sont concernées, bien que les hospitalisations concernent majoritairement les personnes âgées. Cette situation pourrait s'expliquer par une couverture vaccinale insuffisante.
Selon la Direction générale de la santé, près de 10 millions de vaccins contre la grippe ont été vendus dans les pharmacies d'officine. Compte tenu des 17 millions de bons de prise en charge envoyés aux personnes à risque, le taux de vaccination des personnes vulnérables semble encore faible cette année.
Les vacances scolaires ont créé un plateau dans le nombre de contaminations, mais les experts s'attendent à une intensification de l'épidémie cet hiver. En parallèle, le Covid-19 circule toujours, mais à des niveaux relativement bas. La bronchiolite, bien qu'encore présente dans dix régions, a dépassé son pic il y a quelques semaines, écartant ainsi le risque d'une triple épidémie cet hiver comparée à celle de 2022-2023. Les hôpitaux restent cependant sous une pression soutenue, nécessitant une vigilance et une adaptation constantes pour faire face à cette situation sanitaire difficile.