Algérie : Said Sadi lâche les commandes du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD)
Par N.TPublié le
Après une vingtaine d’années de présidence en dents de scie, Said Sadi ne briguera pas de nouveau mandat à la tête du RCD, dont il fut l’un des membres fondateurs en 1989. Le « docteur », comme le désigne habituellement les militants, en a fait l’annonce vendredi 9 mars, lors de son discours d’ouverture du 4ème congrès.
« Avec une conscience sereine et une pleine confiance en l’avenir, je vous annonce ma décision de ne pas me représenter au poste de président du RCD », a-t-il dit aux congressistes.
« J’ai longuement réfléchi, je m’en suis ouvert aux membres de la direction. Il est temps que les compétences formées dans et par le parti s’expriment et s’accomplissent », a-t-il ajouté.
« Je pense sincèrement que désormais il faut que les jeunes cadres du parti, qui représentent déjà l’essentiel de la direction, assument leurs pleines responsabilités dans les nouvelles étapes qui attendent le pays », a-t-il commenté.
« Il va de soi que je resterai militant car j’estime que l’on n’a pas le droit de revendiquer la liberté et la justice et s’exonérer d’un engagement personnel dans les luttes qui se mènent pour la démocratie », a enfin assuré Said Sadi.
Le RCD sous le règne de Said Sadi a été sévèrement critiqué par nombre d’opposants au régime pour avoir fait partie de la coalition gouvernementale aux côtés des islamistes en décembre 1999, et pour s’être fait représenté dans un parlement largement dominé par le courant islamo-conservateur propulsé par la fraude électorale.
Bien que progressivement affaibli par des défections dans les instances dirigeantes, le RCD n’en a pas moins conservé sa place dans le paysage politique algérien et son positionnement de parti laïc et républicain.
L’histoire retiendra la tentative de Said Sadi d’enclencher un mouvement de contestation radicale à la faveur du printemps arabe et de la révolution du jasmin en Tunisie. Le leader n’hésitant pas à braver les forces de l’ordre et à essayer de prendre la tête d’une insurrection, lors d’une série de rassemblements au cœur d’Alger. Le déploiement impressionnant de forces de police et le travail de sape de la police politique dresseront des barrages infranchissables.
Chef de parti intransigeant, Said Sadi aura marqué le RCD de son style de direction plutôt autoritaire, provoquant son isolement. Homme politique courageux et redoutable, le militant ne va sûrement pas baisser les bras en lâchant les commandes de sa formation.
Mouhcine Bel Abbes, 42 ans, porte-parole du parti, succèdera vraisemblablement à Said Sadi.