Tunisie: l'élaboration de la Constitution reflet des rapports de force entre Islamistes et Républicains
Par yazPublié le
Le préambule de la future Constitution Tunisienne qui définit les valeurs et principes généraux sur lesquels repose le nouveau régime a été rendu public. Un texte de compromis reflet des rapports de forces entre islamistes, républicains et laïcs. Adopté en commission, le texte doit être débattu en plénière.
Aussi, les références sont-elles hiérarchisées en deux catégories: celles qui fondent les principes généraux et celles dont ces derniers s'inspirent. Les "constantes de l’islam et ses objectifs", d'une part, "les nobles valeurs humanistes" d'autre part, constituent les références fondamentales. La proposition initiale plaçait la référence à l’islam à niveau supérieur.
Les valeurs universelles de de liberté, de justice, de dignité humaine, de respect de la vie, étaient bien entendu perçues comme une "importation occidentale" par le courant islamiste, majoritaire.
Au chapitre des sources d’inspiration sont incluses les étapes successives de l'Histoire de la Tunisie, y compris celles qui précèdent l’islamisation et l’arabisation de la Tunisie, donc la dimension berbère de l’identité tunisienne. La Révolution est ainsi inscrite dans la continuité de l'Histoire et pas seulement dans la rupture avec le régime de Ben Ali.
Protection des acquis et fonctionnement démocratique des institutions...
Le préambule fait notamment référence aux réformes politiques et religieuses du XIXème siècle. En particulier celles de Kheireddine Pacha, chef du gouvernement tunisien de 1873 à 1877, qui a entrepris la modernisation de l’Etat sans rompre avec l’héritage islamique du pays, et du théologien Mohamed Kabadou.
Grande victoire du courant Républicain, le texte confirme et protège les acquis, en particulier le Code du statut personnel qui garantit une relative égalité de droits aux femmes.
Malgré l'opposition ouverte des islamistes d'Ennahda, toute une partie est consacrée aux principes démocratiques qui doivent régir les institutions (multipartisme, consultions des régions et des citoyens...).
Reste à présent l'épreuve des débats en plénière où les islamistes se promettent sans doute de revenir à la charge pour surtout imposer la référence à l'Islam au-dessus de tout et ouvrir ainsi la voie à l'instauration d'un état théocratique.