La position inconfortable des monarchies du Golfe...
Par N.TPublié le
Les monarchies du Golfe sont dans l’embarras. La crise en Egypte a officiellement sonné le glas pour leur lune de miel avec les Etats-Unis, principal parrain des régimes dans la région du Golfe et du Moyen orient.
En effet, leur soutien avéré aux frères musulmans les a placés dans l’œil du cyclone et mis dans une situation confrontation avérée avec les intérêts des américains qui sont passés du soutien à l’opposition syrienne, à l’implication directe dans le coup de force des militaires en Egypte.
Si en Syrie la position de la Russie, principal soutien du régime de Bachar El-assad, a constitué un contrepoids à l’activisme américain, en Egypte, le rapport des forces penche favorablement vers les américains. La gêne de ces derniers qui voient leur plan de création du nouveau Moyen orient, sérieusement compromise, explique leurs atermoiements. Les monarchies du Golfe sont considérés par une grande partie de la population arabe, comme des gendarmes des américains dans la région. Cet alignement avec les positions des USA est calculé.
En 1975, Henry Kissinger, qui voyait la montée en puissance des ayatollahs en Iran avait suggéré dans une correspondance au Foreign office (Grande Bretagne) d’envisager la partition de certains pays du moyen orient pour contrer la montée du chiisme. Dans ce plan, il prévoyait la création d’enclaves chiites à l’Est de l’Arabie saoudite, du Bahrein et des Emirats. Cela avait suscité l’intérêt de puissances occidentales qui voyaient en cette initiative, le moyen de gérer le potentiel danger de l’Iran.
Or, dans ce plan, Henry Kissinger avait omis de prendre en considération les réserves des hydrocarbures de l’Arabie saoudite, située principalement dans l’enclave chiite qu’il comptait mettre sur pied. Ayant compris son erreur, il a fait son mea culpa et réaffirmé son soutien aux monarchies qui se voyaient alors attribuer un nouveau rôle dans la région, celui de gendarme et principal rempart contre l’activisme des ayatollahs qui avaient pris le contrôle de l’Iran.
Fort de cette nouvelle donnée, les monarchies se lancent dans un soutien sans réserve aux frères musulmans d’Egypte et surtout aux mouvements islamistes dans le monde arabo-musulman. Les américains impliqués dans la guerre en Afghanistan, avaient laissé faire. Ils comptaient utiliser ces mouvements comme rempart contre le communisme.
Mais la chute du mur de Berlin, l’effondrement du bloc de l’Est et les attentats du 11 septembre ont changé la donne. Les américains ont pris connaissance du danger que représentait El-qaïda et toutes les organisations satellites. Le printemps arabe et surtout la montée des frères musulmans au pouvoir en Egypte, en Tunisie et probablement en Lybie a fini par convaincre les américains de l’urgence de négocier un nouveau deal avec Moscou pour éviter de voir ses intérêts dans la région sérieusement menacés.
C’est ce qui explique pourquoi le régime de Bachar El-assad a repris l’initiative militaire sur le terrain et l’impossibilité d’organiser une conférence pour la paix en Syrie. C’est ce qui explique également les déclarations du secrétaire d’Etat américain aux affaires étrangères John Kerry qui avait salué l’intervention des militaires en Egypte et c’est ce qui explique enfin la relance du processus de paix entre palestinien et israélien, ainsi que le soutien au nouveau président iranien, modéré, qui est assuré de pouvoir reprendre les négociations avec les pays occidentaux pour désamorcer la crise du programme nucléaire de son pays.
Les américains qui ne croient qu’en la Real politik, sont obligés aujourd’hui de sommer les monarchies de choisir entre leur viabilité ou le soutien à des mouvements islamistes, devenus par la force des choses un élément de déstabilisation de toute la région.