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Maroc: La violence à l'égard des femmes ne cesse de s'accroître

La violence à l'égard des femmes, et en particulier la violence conjugale sous toutes ses formes (physique, verbale, psychologique et sexuelle) ne cessent de s'accroître au Maroc.

Une récente enquête réalisée par le Haut Commissariat au Plan (HCP), l'institution marocaine de prospective, d' analyse et de prévision économique, en charge du système national de production statistique, estime que 62,8% des femmes (soit 6 millions sur une population de 9,5 millions de femmes âgées de 18 à 64 ans) ont été victimes d' un acte de violence sous une forme ou une autre.

Bon nombre de femmes subissent en silence leur quotidien de violence.

Cette enquête, réalisée entre juin 2009 et janvier 2010, avec l' appui financier du Fonds du Développement des Nations Unies pour la Femme (UNIFEM), constitue la première du genre au Maroc.

Elle couvre l' ensemble du territoire et s' inscrit dans le cadre de l' extension continue du champ de couverture des enquêtes et études du HCP aux phénomènes sociaux qui préoccupent l' opinion publique marocaine et la communauté internationale.

Les conclusions du HCP précisent que les formes de violences sont psychologiques, physiques, sexuelles et économiques. Les atteintes aux libertés individuelles et aux droits inscrits dans le code de la famille constituent d'autres formes de violence dont sont victimes de nombreuses Marocaines.

La violence psychologique est la plus fréquente. Elle touche au moins 48% des femmes (soit 4,6 millions d'entre elles). Elle consiste le plus généralement à "...humilier (la femme) ou la mettre mal à l' aise", si ce n'est l'isoler ou la dominer, précise l' étude.   Cette forme de violence s'applique à 38% des femmes mariées en souffrent, ce qui représente au moins 2,6 millions d' entre elles.

Les atteintes aux libertés individuelles représentent la deuxième forme de violence la plus répandue. 31% des femmes sont touchées, soit 3 millions de femmes.

La violence liée à une non-application de la loi est vécue par 17,3% (1,2 millions) des femmes interrogées. Les violences physiques arrivent en 4e position, touchant 15,2% des femmes (1,4 millions) dont 1,9% (177 000) ont été gravement agressées (avec des objets contondant, des brûlures).

De même, 8,7% de femmes ont été victimes de violences sexuelles (827 000) dont 38 000 de viols (0,4%).

181 000 femmes ont subies la violence économique.

Ces formes de violences ont lieu à peu près partout, dans presque tous les cadres de vie, du contexte conjugal au milieu professionnel, en passant par les établissements d' enseignement. Le taux de prévalence chez les femmes mariées est ainsi de 55%. 47,4% des femmes vivant dans un cadre extraconjugal auraient également subi des violences.

A la lumière de ces conséquences, l'étude suggère des solutions telles que la formulation d'un cadre juridique protégeant la femme de la violence, la mobilisation de toutes les instances concernées sur ce phénomène, l'instauration d'une éducation non violente dans les études fondamentales, le développement du rôle social des assistantes sociales et des associations spécialisées dans la lutte contre la violence et l'information des femmes sur leurs droits.