Standard and Poor's a annoncé "par erreur" la dégradation de la note française

France : les agences de notation s’invitent dans la campagne pour les présidentielles

L’annonce « par erreur », jeudi 10 novembre, de la dégradation de la note de la France par Standard and Poor's a semé le trouble dans la majorité, suscitant de nombreuses réactions. Les agences de notation qui font trembler la zone euro s’invitent du coup dans la campagne des présidentielles.

Devant l’emballement des places boursières et une hausse subite des taux d’emprunt de la France, Paris avait aussitôt demandé à l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) et à l'Autorité de supervision financière européenne de se saisir de l'affaire.

"On ne laissera aucun message négatif passer. On a une stratégie, on a un rendez-vous en matière de déficits qui est fixé. On ne variera pas d'un iota", avait alors déclaré François Baroin, ministre français des finances, qualifiant l’annonce de l’agence de "rumeur assez choquante qui ne correspond à aucun fondement".

Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, est également monté au créneau estimant sur l'antenne d'I-Télé que "si les agences de notation (...) se trouvent dans cette situation d'imprécision et de non professionnalisme c'est assez désolant".

La fausse annonce de la dégradation de la note de la France donne sans surprise du grain à moudre à l’opposition socialiste.

Pour François Hollande, candidat PS à la présidentielle, "les marchés ont déjà anticipé" une dégradation de la note française. "Nous payons nos emprunts d'Etat avec un taux d'intérêt supérieur aux Allemands. D'une certaine façon, c'est comme si nous étions déjà dégradés", a-t-il commenté en marge d'un déplacement sur la commémoration du 11-Novembre à Vienne-le-Château (Marne) ;

Selon M. Hollande, "dégradation ou pas de la note, la France est mal gérée". Le candidat a toutefois estimé qu'il ne fallait "jamais faire confiance de manière aveugle aux agences de notation".

"Ce qui est peut-être plus grave encore que cette bourde, dont je ne veux pas ici interpréter l'origine, c'est l'avertissement que la Commission européenne a adressé au gouvernement français pour signaler qu'elle ne croyait pas à la prévision budgétaire et qu'elle attendait de nouvelles mesures", a-t-il ajouté.

Les propos de François Hollande ont déclenché de vives réactions dans le camp adverse, confirmant que le thème de la dette va occuper une place centrale dans la campagne pour les présidentielles.

"Ce sont des propos contraires à l'intérêt national", a dénoncé le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, interrogé par Le Figaro.

"La gauche spécule sur l'aggravation de la situation et ce n'est pas très respectueux des Français à qui sont demandés des efforts", a réagi la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse.

Le débat va sans doute reprendre de plus belle compte tenu du contexte de crise et sachant que la France n'est pas à l'abri d'une dégradation de sa note. L'agence Moody's a d’ailleurs décidé de placer le AAA de la France « sous surveillance » durant les trois prochains mois.