Gaza : le nombre de morts sous-estimé de 40 % selon une étude de la revue médicale britannique The Lancet
Par N.TPublié le
L’information constitue un désaveu cinglant pour tous les soutiens aveugles de la folie génocidaire israélienne dans les mois qui ont suivi l'attentat du Hamas, le 7 octobre. Le carnage est bien plus horrible que ce que rapportent au compte-gouttes les médias. Selon une étude récente publiée dans la revue médicale britannique The Lancet, le nombre réel de victimes parmi les Gazaouis est largement sous-estimé.
L'estimation officielle présentée par le ministère de la Santé du Hamas fait état de 37 877 morts entre le 7 octobre 2023 et le 30 juin 2024. Cependant, The Lancet propose un chiffre sensiblement plus élevé. L'étude suggère que le nombre réel de décès dus à des blessures traumatiques pourrait se situer entre 55 298 et 78 525, avec une estimation probable d'environ 64 260 personnes.
Cela représente une augmentation d'environ 40 % par rapport aux chiffres du ministère de la Santé palestinien, et équivaut à environ 2,9 % de la population totale de Gaza avant le début du conflit. Par ailleurs, plus de 10 000 Gazaouis restent portés disparus. Nombre d'entre eux pourraient être ensevelis sous les ruines, conséquence directe des bombardements incessants. L'étude met également en évidence que son évaluation se concentre uniquement sur les morts confirmées par les proches ou les institutions médicales — hôpitaux et morgues — laissant de côté les morts indirectes causées par le manque de ressources essentielles comme la nourriture, l'eau, et les soins médicaux, ainsi que les disparus non retrouvés.
La méthodologie utilisée par les chercheurs de The Lancet repose sur la technique statistique dite de "capture-recapture". Cette approche implique l'analyse de trois listes distinctes : la première, fournie par le ministère de la Santé du Hamas, concerne les corps identifiés dans les infrastructures médicales ; la deuxième provient d'une enquête en ligne par laquelle les Palestiniens ont rapporté les décès de leurs proches ; et la troisième se base sur les avis de décès publiés sur les réseaux sociaux tels que X, Instagram, Facebook, et WhatsApp, lorsque l'identité du défunt peut être vérifiée. Les chercheurs ont cherché des chevauchements entre ces listes pour obtenir une estimation plus précise du nombre total de morts.
Une étude « raisonnablement convaincante »
Zeina Jamaluddine, épidémiologiste à la London School of Hygiene and Tropical Medicine et auteure principale de l’étude, reconnaît la sensibilité du sujet et anticipe des critiques, mais souligne l'importance d'obtenir une estimation plus précise des victimes. Elle critique également l'obsession autour des statistiques de mortalité dans la bande de Gaza, rappelant qu'indépendamment des chiffres exacts, la mortalité est extraordinairement élevée.
Les résultats de l'étude contredisent les affirmations du gouvernement israélien et de divers médias qui remettent en doute les chiffres fournis par le ministère de la Santé du Hamas, lesquels ont été jugés crédibles par l'ONU. Kevin McConway, professeur de statistiques appliquées à l’Open University britannique, a trouvé l'étude des chercheurs de The Lancet « raisonnablement convaincante », soulignant le défi que représente l’obtention de données exactes en contexte de guerre, et louant l'utilisation rigoureuse de trois méthodes d'analyse statistique.
L'agence humanitaire des Nations unies, OCHA, a ajouté une dimension supplémentaire à cette tragédie en signalant que de nombreux disparus n'ont probablement pas été comptabilisés dans les bilans officiels, car ensevelis sous les décombres. Il est estimé que beaucoup de ces personnes n'ont pas été incluses dans l'étude de The Lancet, ce qui pourrait signifier que la situation est encore pire que ce qui est actuellement estimé.