Proche-Orient : la terrible épreuve du retour des Palestiniens sur les décombres de Gaza
Par N.TPublié le
Les bombardements israéliens ont laissé des paysages de désolation ; des quartiers entiers ne sont plus que ruines. Déplacés à plusieurs reprises, les survivants palestiniens tentent à présent un retour sur les décombres de leur ville, après le cessez-le-feu. Une nouvelle épreuve dans le désespoir, l’incertitude et la peur.
Selon les estimations relayées par les médias français, des milliers de bâtiments résidentiels, d’écoles, d’hôpitaux et de réseaux d’infrastructures ont été réduits à néant. Ces frappes ont transformé des zones urbaines en champs de gravats. Des familles entières, parfois contraintes de fuir en pleine nuit, ont trouvé refuge dans des écoles gérées par l’UNRWA (l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens), chez des proches ou sous des abris de fortune.
Cette destruction n’est pas un phénomène nouveau : depuis 2008, Gaza a connu quatre guerres majeures, chacune aggravant la précarité d’une population déjà fragilisée par un blocus économique strict. Près de deux millions de personnes vivent dans ce territoire de 365 km², l’un des plus densément peuplés au monde, où les ressources vitales – eau, électricité, soins médicaux – manquent cruellement.
La fouille désespérée des ruines
Pour ceux qui tentent de revenir dans leurs quartiers, le choc est brutal. Les articles décrivent des scènes de désespoir : des parents fouillant les ruines à la recherche d’objets personnels, des enfants marchant pieds nus sur des monticules de béton effrité. Les habitations, lorsqu’elles ne sont pas totalement rasées, présentent des fissures structurelles, les rendant inhabitables.
Les infrastructures de base, déjà fragiles avant les conflits, sont désormais hors d’usage. Les réseaux d’eau potable, endommagés par les bombardements, laissent s’écouler des eaux contaminées, augmentant les risques d’épidémies. L’électricité, fournie par tranches de quelques heures par jour avant la guerre, est devenue un luxe inaccessible dans de nombreuses zones. Les routes, criblées de cratères, compliquent l’acheminement de l’aide humanitaire.
« Nous vivons comme des animaux », témoigne un habitant de Gaza City dans les colonnes du Monde. «Nos maisons sont parties en fumée, et personne ne nous dit comment ni quand nous pourrons reconstruire.»
Les obstacles à la reconstruction
La reconstruction de Gaza se heurte à des obstacles multiples. Le blocus israélien, en vigueur depuis seize ans, restreint sévèrement l’importation de matériaux de construction (ciment, acier, verre), considérés comme « à double usage » – susceptibles, selon Israël, d’être détournés par des groupes armés. Les procédures d’autorisation sont longues et complexes, ralentissant les projets soutenus par l’ONU ou des ONG.
Parallèlement, les financements internationaux promis tardent à se concrétiser. Lors de la conférence des donateurs pour Gaza en 2021, plus de 5 milliards de dollars avaient été annoncés. Mais selon un rapport de la Banque mondiale cité par Libération, moins de 30 % de ces fonds ont été débloqués. Les États arabes, traditionnels bailleurs, semblent moins engagés, focalisés sur des crises régionales concurrentes (Yémen, Syrie).
Les conséquences sont visibles : des familles s’entassent sous des tentes fournies par des associations, ou reconstruisent avec des matériaux de récupération, au mépris des normes de sécurité. « Chaque hiver, les pluies transforment les camps en bourbiers », rapporte une travailleuse humanitaire dans Mediapart.
Au-delà des destructions matérielles, les conflits répétés ont laissé des séquelles psychologiques profondes. Les articles soulignent la hausse des cas de dépression, de syndromes de stress post-traumatique et de troubles anxieux, notamment chez les enfants. Les centres de santé mentale, sous-équipés et submergés, ne peuvent répondre à la demande.
Plus de 80% de la population dépend de l’aide alimentaire
Les tensions sociales s’exacerbent dans un territoire où le chômage touche près de 50 % de la population active. Le manque de logements dignes, couplé à une économie asphyxiée par le blocus, alimente les frustrations. « Les jeunes n’ont plus d’espoir », explique un sociologue palestinien dans L’Humanité. « Ils grandissent dans la violence, sans accès à l’éducation ou à un emploi. Cela crée un terreau fertile pour les extrémismes. »
Face à cette urgence, les organisations humanitaires multiplient les alertes. Le Programme alimentaire mondial (PAM) signale que plus de 80 % de la population de Gaza dépend désormais de l’aide alimentaire. L’UNICEF met en garde contre une génération d’enfants privés d’école – 60 % des établissements scolaires ont été endommagés.
Les appels à la levée du blocus se heurtent au refus catégorique d’Israël, qui n’entend pas desserrer l’étau sur l’enclave, quelles que soient les conséquences humaines. Les pays européens, divisés sur la question palestinienne, peinent à parler d’une seule voix et gardent surtout un silence complice. Quant à l’Égypte, elle maintient sa frontière avec Gaza largement fermée.
Les perspectives de relance des négociations de paix sont quasi nulles, dans un contexte où la colonisation israélienne en Cisjordanie se poursuit. Les actions conjointes de l’armée israélienne et des colons font au quotidien de nombreuses victimes.
Pour les habitants, cette impasse se traduit par un sentiment d’abandon. « Nous sommes pris en étau entre le Hamas, Israël et l’indifférence internationale », résume une enseignante interrogée par Le Figaro. Malgré les annonces sporadiques de trêves, la peur d’une nouvelle escalade plane en permanence.
La situation à Gaza illustre l’échec collectif de la communauté internationale à résoudre un conflit vieux de plusieurs décennies. Tandis que les civils paient le prix fort, les besoins humanitaires immédiats – reconstruction, accès à l’eau, soins psychologiques – exigent une mobilisation urgente. Mais sans pression diplomatique pour briser le statu quo et mettre fin à l'impunité d'Israël, Gaza restera un territoire de désolation, où chaque reconstruction n’est que l’avant-goût d’une prochaine destruction.
«Ici, on reconstruit pour que nos enfants aient quelque chose à pleurer quand tout sera détruit à nouveau», résume amèrement un habitant