Le vote des Algériens à Marseille : RND et Alliance verte dénoncent des manipulations de l'électorat
Par N.TPublié le
Les conditions du déroulement des élections législatives algériennes sur la zone 2 (France Sud) continuent à faire des vagues. Les langues se délient, qui rapportent des faits pour le moins troublants entachant sérieusement la régularité du scrutin. Les têtes de liste du RND (Rassemblement National Démocratique) et de l'Alliance Verte (Islamistes) affirment que les voix de leurs électeurs se sont étrangement volatilisées. Ils ne s'expliquent pas leur défaite au bout d'une campagne intense et parfaitement préparée.
Le désordre et la confusion qui ont marqué la première matinée des élections auraient ainsi profité pour l'essentiel à la liste El Moustaqbal conduite par l'animateur de la chaîne Canal Algérie Samir Chaâbna et au FLN qui se partagent les deux sièges de la zone et non au RND.
"565 voix (sur Marseille), cela ne représente même pas les gens que je connais personnellement !" s'offusque Salim Lekhzini, tête de liste Alliance Verte. "On a fait un important travail sur les mosquées et des réseaux se sont mobilisés pour nous...", ajoute-t-il.
Et de rappeler qu'il était à l'origine de la fronde des candidats et de leur contestation auprès de la Commission de surveillance suite à l'occupation anarchique de deux bureaux de vote, créant des conditions propices à toutes les manipulations. "C'est moi qui ai dénoncé l'affluence non contrôlée du premier jour", dit-il, convaincu que la défaite de son parti reste un mystère et que toutes les possibilités sont envisageables, y compris "le remplacement d'une urne" durant la nuit au nez et à la barbe des agents de sécurité (le scrutin dure 3 jours).
L'assistant distributeur de consignes de vote
Pour sa part, le docteur Dammar Bouchouareb, tête de liste RND, dénonce les consignes distribuées aux électeurs acheminés par bus sur le centre de vote.
"J'ai fais tous les foyers du bassin de l'Etang de Berre durant la campagne", dit-il, étonné de son score sur la région. "Les personnes transportés ont été nombreuses a évoquer un véritable matraquage dans le car pour un vote en faveur de Samir Chaâbna (El Moustaqbal, ndlr)", affirme-t-il.
Le candidat cite précisément le cas des "16 cars en provenance de Port-de-Bouc sous la houlette d'un certain Mr B... chargé de distribuer les consignes dans ce sens et qui plus est porteur d'un badge d'assistant lors du scrutin".
Le docteur Bouchouareb dont la mémoire est encore fraîche malgré la secousse d'une défaite inattendue n'a pas oublié non plus les "6 cars d'Avignon affrétés par une association cultuelle avec un seul mot d'ordre: voter El Moustaqbel".
Le candidat déclare enfin avoir déposé un recours auprès de la Commission de surveillance au sujet d'un membre de bureau à Sochaux-Montbeliard, surpris en train de remettre aux électeurs les bulletins de vote n° 6 (El Moustaqbel) avant d'être expulsé par les autorités consulaires au deuxième jour du scrutin.
"Je fais ces déclarations par honnêteté, je ne suis pas venu à ces élections en demandeur d'emploi, je suis médecin spécialiste (néphrologue) et gagne très bien ma vie", martèle pour finir le tête de liste RND, qui dit "vouloir rendre justice aux électeurs qui ne se reconnaissent pas dans ces résultats".
Les listes Moustakbal et FLN sont arrivées en tête des élections sur la zone 2 France Sud. L'utilisation des moyens de l'Etat (bus payés 500 euros/jour) leur a largement profité si l'on en croit les déclarations de leurs concurrents. L'administration se serait mobilisée en leur faveur pour faire barrage à une possible victoire des islamistes, particulièrement bien implantés dans la région.
Après une tentative manquée avec le FLN, l'animateur de Canal Algérie, très populaire auprès des familles, a été enrôlé à la dernière minute en tête de la liste Moustaqbal et sous le patronage d'une employée d'Air Algérie, non moins populaire. La formation a été sans doute préférée pour les faveurs de l'Administration plutôt que le RND affaibli par la répartition d'une fraction de son électorat entre des listes proches de sa ligne politique. On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs.