La Bosnie Herzégovine à la croisée des chemins
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"Qui sème la misère, récolte la colère" est un vieil adage slave, devenu le slogan des manifestants en Bosnie-Herzégovine, qui protestent depuis le début du mois.
Un an et demi auparavant, le Fonds Monétaire International avait aidé le pays avec 384 millions d'euros et l'Europe Unifiée s'est senti débarrassée du sujet!
Mais dans la Bosnie-Herzégovine, qui compte 3,8 millions d'habitants, le chômage s'élève à 44% et chaque deuxième citoyen est sans emploi. L’État est divisé en Fédération bosno-croate et République Serbe, dont les autorités prêchent sa transformation en une province serbe pour enfin réaliser le vieux rêve de la Grande Serbie, même sans le Kosovo, devenu indépendant. Dès le début des manifestations, les responsables serbes représentés par Vucic et Dacic, se sont entretenu avec des leaders de la République Serbe : Dodik, Bosic et Radojicic. Le premier ministre croate, Zoran Milanovic s'est rendu à Mostar, assurer la population catholique que la Croatie veille sur elle. Il est évident que la visite surprise des gouvernants de la République Serbe à Belgrade ainsi que celle de Milanovic en Herzégovine, actualisent le vieux contrat Dodik-Covic qui prévoit la formation de la troisième entité -Herzég-Bosna. Le souci des voisins pour ces événements et leur présence au pays est expliqué par "la fragilité d'état" et sert de prétexte à Belgrade et à Zagreb pour "défendre et préserver leurs compatriotes du voisinage".
"Pour nous, la meilleure solution est que les voisins nous laissent tranquilles et cessent leurs interventions dans les affaires intérieures de Bosnie-Herzégovine. C'est notre crise et nous devrions la résoudre seuls. Elle est une des phases de la démocratisation du pays", a déclaré le président de la Présidence, Zeljko Komsic. Mais il n'a pas été entendu.
Allers-retours des politiciens serbes et croates
Les politiciens serbes et croates se sont habitués à venir sans prévenir en Bosnie-Herzégovine. Leurs visites, toujours inexpliquées, sont devenues une habitude et les habitants ne s’interrogent plus à leur sujet. Des raisons ridicules comme "traités et liens parallèles et spéciaux" sont souvent avancées mais ne trompent personne. Curieusement, aucun leader bosniaque n'a jamais fait d’intrusion de ce type chez des voisins. Une inquiétante résignation institutionnelle fait que les autorités ne réagissent plus.
Durant les protestations, certains manifestants ont été politisés et des centres du pouvoir occupés par des Bosniaques manipulés et utilisés pour décourager ceux qui prônent un seul État, multiethnique et uni, avec le but de montrer l'impossibilité d'une existence commune.
La République Serbe indique en permanence être "un territoire sûr et sans problèmes car son président Milorad Dodic a pris à temps des mesures pour empêcher les troubles» ! Des lobbies serbes se sont employés à utiliser de puissants moyens et imposer au monde l’antithèse d'une Bosnie-Herzégovine entière.
Le peuple, en colère, n'a pas encore réussi à montrer son désarroi au sujet des Accords de Dayton dont l'Annexe IV prévoit la disparition du pays. Cet acte a creusé les divisions et permis aux voisins, qui ont agressé la Bosnie-Herzégovine de confirmer sa destruction. Il est urgent de les remplacer par une véritable constitution de la république de B-H. Aujourd'hui, tous les pays peuvent aller de l’avant sauf celui-ci, condamné à stagner. Il est vrai que le changement constitutif a été évoqué mais ni les États Unis ni l’UE ne se sont sérieusement occupés de la question dont ils sont, eux aussi, responsables.
Problèmes sociaux et existentiels
Dans l’impossibilité de résoudre l'inégalité et les maux sociaux, obsédés par la famine et le manque de moyens de survie, les habitants n'ont pas encore soulevé la question des Accords de Dayton, source de tous les ennuis en Bosnie-Herzégovine.
Le scénario des années 90 du siècle dernier se répète. Deux décennies plus tôt, Slobodan Milosevic a crié à Gazimestan ; "Personne ne touchera mon peuple!" Cette fois-ci, mis à part les tentations serbes, la Croatie est pressée d'informer les catholiques bosniens que "la mère n'est pas loin et qu'elle veille sur eux !" Les voisins fréquentent la Bosnie-Herzégovine pour arrêter le danger. Lequel? Celui qui peut venir des Bosniaques, de "leur" islam, la raison principale et le prétexte idéal pour les envoyer ailleurs ou les assimiler, ce qui signifie les faire disparaître dans leur propre pays.
Comme 23 ans auparavant, des armes, surtout des tanks, sont déployés aux frontières. Très visibles à Bosanska, devenue Kozarska Dubica, ils garantissent l'indépendance de la République Serbe. Sur Facebook, leur présence est expliquée par une vente aux Hongrois, dont le contrat n'est pas toujours valable. D'autres affirment qu'il s'agit d’un vieil équipement qui sera bientôt détruit ou vendu.
La communauté internationale doit immédiatement avec les élus bosniens faire le bilan de la Bosnie-Herzégovine après Dayton. Reconnaître les erreurs, déjà identifiées et dénoncées, et faire tout pour aider le pays à sortir du chaos et du désespoir et surtout garantir la paix et la sécurité dans toutes les communautés. La Serbie et la Croatie doivent libérer les frontières et laisser les Bosniens décider au sujet de leur vie commune. Pour le moment la Communauté internationale fait le contraire: verbalement elle souhaite fortifier le pouvoir central, tout en renforçant des entités sur le compte d’États unis. Les accords de Dayton se commentent et légalisent leur raison d'être tout en sachant qu’un tel Etat est impossible au long terme. Sans aide internationale et une vraie constitution, la Bosnie-Herzégovine est obligé de compter ses jours.