Une centaine d’anciens élèves qui dénoncent des années de souffrance

France : François Bayrou sur la sellette après les révélations de Mediapart au sujet de violences sexuelles dans un établissement catholique 

Selon une enquête menée par Mediapart. le Premier ministre était au courant des accusations de violences physiques et sexuelles perpétrées entre les années 1970 et 1990 au sein de l'établissement scolaire catholique Bétharram, situé dans les Pyrénées-Atlantiques, où plusieurs de ses enfants étaient scolarisés. La gauche lui demande de s’expliquer. L’affaire prend une tournure politique.

Cette affaire a été rendue publique au moment où le parquet de Pau finalise les auditions des victimes et envisage les suites judiciaires possibles. Malgré la tempête médiatique, François Bayrou soutient fermement qu'il n'avait aucune connaissance des abus au sein de cet établissement à l'époque. 

Cependant, des témoins et certains membres de l'opposition, notamment de gauche, l'accusent de mensonge. Dans une enquête de Mediapart publiée le 5 février, il est révélé que Bayrou aurait été informé des prétendues agressions dès la fin des années 1990.

« Un scandale d’État »

Une enseignante et une victime ont déclaré avoir signalé les faits à François Bayrou lorsqu'il était ministre de l'Éducation nationale. Pourtant, des documents rapportent que Bayrou avait, en 1998, demandé à rencontrer Christian Mirande, un juge en charge d'un dossier de viol lié à l'établissement Bétharram. Ce dernier mentionne que Bayrou s'inquiétait pour son fils scolarisé là-bas, tout en exprimant son scepticisme quant aux accusations portées contre le père Carricart, un prêtre de l'établissement.

François Bayrou affirme qu'il n'était au courant que d'une affaire de gifles données par un surveillant, relatée par l'un de ses enfants. Il nie catégoriquement toute connaissance concernant le père Carricart, mis en examen pour viol. Pour répondre aux accusations, le Premier ministre a annoncé son intention de déposer une plainte en diffamation, laissant cependant planer le doute sur la cible de cette plainte.

Au sein du paysage politique, les réactions sont vives. LFI, par la voix de Manuel Bompard, parle d'un « scandale d'État » et appelle à la démission de Bayrou. Paul Vannier, un autre député insoumis, a même réclamé une commission d'enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur les manquements potentiels de l'État quant au contrôle des établissements privés sous contrat.

Une centaine d’anciens élèves qui dénoncent des années de souffrance

Thierry Sagardoytho, un avocat impliqué dans l'affaire de 1998, a exprimé son point de vue selon lequel Bayrou était probablement au courant de par les informations diffusées dans la presse. Il rappelle que les châtiments corporels faisaient prétendument partie de l'approche éducative de Bétharram.

En début d'année 2024, cette affaire a pris une ampleur juridique nouvelle, avec plus de cent anciens élèves de Notre-Dame de Bétharram se manifestant pour dénoncer des années de souffrances dues aux violences subies. Le parquet de Pau révèle que 112 personnes se sont déclarées victimes, parmi lesquelles 72 ont officiellement porté plainte.

Avant cette mobilisation collective, une première plainte en 1996 dénonçait déjà les violences d'un surveillant, ce qui avait conduit à une condamnation. Puis, en mai 1998, le père Carricart, alors directeur de Bétharram, avait été mis en examen pour viol avant de se suicider, stoppant ainsi la tenue d'un procès. Cette succession d'événements souligne la gravité des faits et alourdit le climat autour de François Bayrou, dont la responsabilité est maintenant questionnée sur le plan public et judiciaire.