Srebrenica, 19 ans après ...
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Munib Muminovic, dit Brko, n'est pas allé en ce début juillet à Srebrenica pour se recueillir sur les tombes de ses quatre fils : Nedzad, Mensur, Mustafa et Redzep. Cet homme qui vient d'avoir 70 ans n'ira pas non plus fleurir la tombe de sa femme, elle aussi assassinée durant ce maudit juillet 1995.
En effet, cet habitant de la région de Podrinje s'est pendu ce week-end dans la mosquée de Kladanj. Il ne pouvait plus supporter la douleur qui le rongeait depuis 19 ans: voir les bourreaux de sa famille en liberté et en venir à subir leurs insultes et moqueries quotidiennes. Il ne pouvait plus vivre avec le souvenir de tous les sévices endurés pendant la guerre entre 1992 et 1995.
Sa voisine du village Bajramovici, situé non loin de Srebrenica, qui a vu l'exécution de ses trois enfants et de son mari était la confidente du vieil homme qui se demandait souvent :"Tout le monde parle de la douleur des mères. Et celle des pères ...?"
Munib a des années durant aidé ses voisins de Podrinje à rechercher les corps de leurs proches, surtout ceux de leurs enfants, descendants malheureusement disparus à jamais. Il est ainsi devenu le grand-père du village, lui qui ne s'est jamais pardonné de n'avoir pu empêcher l'exécution de toute sa famille. Et pour cause: il était déjà détenu par les criminels.
Il faut prouver que nous étions parents
Kada Hotic, vice président d'association Mères de Srebrenica et Zepa connaissait plusieurs habitants de la région qui se sont suicidés. Selon elle, peu après l'entrée des groupuscules fascistes serbes, de nombreuses femmes ont sauté dans le lac Modrac, prés de Lukavac.
Kada Hotic, vice président d'association Mères de Srebrenica et Zepa connaissait plusieurs habitants de la région qui se sont suicidés. Selon elle, peu après l'entrée des groupuscules fascistes serbes, de nombreuses femmes ont sauté dans le lac Modrac, prés de Lukavac.
"Munib n'en pouvait plus. Je ne souhaite à personne de s'auto détruire ainsi mais il a des raisons valables. Nous sommes maintenant tenus de prouver que nous avons eu des enfants. Toutes les administrations ont été détruites et n'existent plus, selon des autorités de la république serbe. Les tribunaux ne nous rendent pas la justice mais font la promotion de nos bourreaux.
La plus grande injustice pour Brko est de perdre l'espoir. Quand tous les criminels et assassins de sa famille sont revenus à Podrinje, il s'est alors décidé à commettre son acte désespéré.
La plus grande injustice pour Brko est de perdre l'espoir. Quand tous les criminels et assassins de sa famille sont revenus à Podrinje, il s'est alors décidé à commettre son acte désespéré.