Libye : Amnesty International dénonce les crimes commis par les milices armées
Par N.TPublié le
L’ONG Amnesty International (AI) publie un rapport, un an après le début de l’insurrection qui a mis fin au règne de Mouammar Kadhafi. Le texte est intitulé : "Les Milices menacent les espoirs pour une nouvelle Libye".
"Il y a un an, les Libyens ont risqué leur vie pour réclamer justice. Aujourd'hui, leurs espoirs sont mis en péril par des milices armées sans foi ni loi qui foulent aux pieds les droits de l'homme en toute impunité", estime Donatella Rovera, conseillère spéciale d'AI chargée des crises et des conflits.
"La plupart des milices en Libye sont hors de contrôle et l'impunité généralisée dont elles jouissent ne fait qu'encourager de nouvelles violences et perpétue l'instabilité et l'insécurité dans le pays", a déclaré Mme Rovera.
L’organisation dénonce "des crimes de guerre commis par ces milices contre des partisans présumés de Mouammar Kadhafi, affirmant «que des personnes étaient détenues illégalement et torturées, parfois jusqu'à la mort".
«Migrants et réfugiés africains ont également été pris pour cible et des représailles ont été menées, déplaçant de force des communautés entières», indique le rapport, qui cite notamment les habiants de Touarga, au sud de Misrata.
Les membres de l’ONG ont visité onze centres de détention contrôlés par les ex-rebelles dans le centre et l’ouest de la Libye. «Les détenus ont indiqué qu'ils avaient été torturés ou maltraités sur place. Ces prisonniers ont montré à Amnesty International des blessures résultant de mauvais traitement récents», affirment-t-ils.
Plusieurs prisonniers ont indiqué avoir avoué des crimes de viols ou de meurtre qu'ils n'avaient pas commis, rapporte l’ONG «juste pour mettre fin à la torture».
"Au moins douze personnes détenues par les milices ont trouvé la mort depuis septembre, après avoir été torturées. Leurs corps étaient couverts d'ecchymoses, plaies et coupures, et certains avaient les ongles arrachés", ajoute Amnesty.
Des détenus dans Tripoli et aux alentours, Gharyan, Misrata, Syrte et Zawiyah ont raconté à Amnesty International qu'ils avaient été «suspendus dans des positions contorsionnées et battus pendant des heures avec des fouets, des câbles, tuyaux en plastique, des chaînes et bars de fer».
«Aucune enquête n'a été réalisée, que ce soit sur de graves violations, telles que les exécutions extrajudiciaires des détenus ou sur les autres crimes de guerre, y compris le meurtre de soixante-cinq personnes dont les corps ont été retrouvés le 23 octobre dans un hôtel de Syrte qui a servi de base pour des combattants venus de Misrata.»
Le ministre de la justice libyen, Ali H'mida Achour, a promis que son ministère allait enquêter sur des cas de torture dans des prisons libyennes, après des accusations d'autres organisations des défense de droits de l'homme, comme Human Rights Watch ou Médecins sans frontières.