La Méditerranée, un cauchemar orchestré : comment l’Europe a sous-traité sa frontière à la Libye (Abonnés)
La Méditerranée, berceau de civilisations et espace de rencontre, est devenue en 2025 une fosse commune à ciel ouvert. Ce qui fut un symbole de vie et d'échanges n'est plus que le théâtre de violences indignes, où s'écrivent les souffrances de milliers de personnes fuyant la misère ou la guerre.
Le chemin vers l'Europe, perçu comme une promesse de refuge, se transforme en un abîme de désespoir. Au cœur de cette tragédie moderne se trouve la Libye, érigée en bras armé – et sans scrupules – de l'Union européenne dans sa politique de refoulement des migrants. Cette externalisation délibérée de la frontière, documentée par de multiples rapports d'ONG, fait de l'Europe la complice structurelle de crimes atroces.
La Libye, garde-chiourme de l'Europe en Méditerranée
Depuis l'accord de 2017, l'Union européenne a fait un choix stratégique et assumé : externaliser sa frontière méridionale en confiant à la Libye, un État en déliquescence, le soin d'« endiguer les flux ». Concrètement, l'UE, via notamment l'Italie, finance, forme et équipe les garde-côtes libyens pour intercepter les embarcations de migrants en Méditerranée centrale et les ramener de force sur le territoire libyen. Ce partenariat mortifère a conduit au retour forcé de dizaines de milliers d'exilés, comme le rapporte l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Amnesty International qualifie cette coopération de « moralement en faillite », dénonçant le rôle actif de l'UE dans le transfert et le retour forcé de personnes vers un pays où les droits humains sont systématiquement bafoués. L'objectif est limpide : empêcher les migrants d'atteindre le territoire européen, quels qu'en soient le coût humain et les moyens employés.