Hannah & F.
Par fabienPublié le
Cela fait deux jours que le gros temps s'abat sur Montpellier et sa région. Il s'agit des fameux, destructeurs, épisodes cévenols. Je sors les poubelles entre 2 pluies diluviennes. J'entends crier mon prénom. Je me retourne.
Je vois une vieille Mercédès improbable des seventies. Un homme à la chevelure grisonnante, le visage buriné par notre soleil et la vie, me sourit.
Il me parle comme si nous nous étions quittés la veille. David est un gitan anglais tout droit sortie du film « Snatch », un très vieil ami perdu de vue depuis 12 ans. Il baragouine un mélange d'anglais, français, italien et espagnol.
"Que tal F. ?
Fuck ! Toujours le même.
Tu n'as pas changé avec 3 rides beautiful en plus.
Il y a une fiesta chez nous à Arles.
Viens.
Aïe, aïe, aïe, tu vas tourner la tête à notre Hannah."
Je lui explique brièvement ma famille.
"Son fils porte ton prénom, F."
Il se marre.
"C'est le seul gitan avec ce prénom, F.
Viens, venez.
On chantera, on dansera toute la nuit.
Tu nous feras ta Gardiane.
Tu vois je me souviens.
On boira à la vida toda la notte."
"Elle n'a pas d'homme ta belle Hannah", lui dis-je.
"La terre entière s'est damnée pour ma fille.
Elle n'a jamais voulu suivre un hombre."
Je me marre.
"Elle a pris le caractère indomptable de son père."
J'avais rencontré David il y a 18 ans.
Je travaillais à l'époque sur un scénario documentaire road movie. J'avais appelé cela "Gypsy, gitano, manouche, for ever".
Il ne sera jamais produit. Il doit être au fond d'une de mes caisses aux trésors.
Nous étions tombés amoureux l'un de l'autre, un amour d'amitié. Il voyageait à travers toute l'Europe, avec une préférence pour notre sud.
David fabriquait des roulottes en bois, Il réaménageait des wagons de trains en habitation pour des hôtels de luxe.
C'était toujours au black.
C'était beau.
Un travail artisanal fait avec les matériaux les plus nobles, toujours avec goût.
David m'avait ouvert en grand les portes de sa famille et de cette communauté gitane prégnante dans l'histoire de ma ville
au fil des siècles et des rencontres familiales. Mon père, dès son plus jeune âge avait défendu les enfants gitans de notre quartier face aux railleries les plus viles.
Je voyageais ainsi à travers toute l'Europe de l’est, du sud et l'Angleterre sa terre de naissance. J'étais toujours reçu avec la chaleur des guitares, des danses chaloupées et de l'alcool partagé.
David gagnait très, très bien sa vie. Les deux tiers de ses revenus bénéficiaient à la mère de ses cinq enfants qu'il voyait le printemps revenu.
"Le printemps et l'été sont sacrés. On ne travaille pas. Ce temps est consacré à la famille, aux amis, à la fiesta."
Je passais ainsi les interstices de ma vie bercé par la bohème, où seul le temps présent compte.
La feria de Nîmes bat son plein en ce mois de mai 2004.
Je rejoins David et quelques amis aficionados dans la bodega la plus courue de la ville, romaine pour l'éternité.
Après un set extraordinaire de Laurent Garnier sous les spotlights arrosés de sangria et du meilleur champagne, les lumières s'estompent.
Les plus grands musiciens gitans prennent places, guitares only !
Je trinque avec Simon Casas, le seigneur de la féria de Nîmes et David, son éternel verre de gin en main.
Les premiers danseurs se risquent sur le dance floor. Mon regard se balade dans la bodega à la recherche de la femme.
Je sais.
On ne se refait pas.
Mon iris étincelle d'un coup.
Je n'ai bientôt plus mon attention portée que sur elle. Je porte ma coupe de Don Pérignon à mes lèvres. Je ne peux plus la quitter du regard.
Elle est de taille moyenne.
Elle a de longs cheveux noir et lisses.
Sa peau est étonnement blanche.
Elle a de grands yeux vert éclatants.
Je détaille chaque millimètre de cette jeune danseuse vêtue d'une simple robe dos nu en mousseline blanche. Elle danse divinement.
David éclate de rire.
Il ne se trompe pas.
"Tu es hypnotisé par quelle guapa amico ?"
Je lui réponds sans quitter du regard cette divine très jeune femme. Elle doit à peine avoir 18 ans.
"Il y a une petite bombe atomique sur le dance floor. Elle est très jeune. Ce n'est plus de mon âge." dis-je, du haut de mes 34 ans.
David me demande laquelle.
Je lui montre en tendant ma coupe vers cette jeune beauté qui m'affole les sens. Elle nous regarde.
David éclate de rire.
Puis, d’un coup, il prend un air très sérieux.
"Ma fille Hannah est mon trésor. Celui qui la prendra devra la mériter."
Je me sens tout penaud.
Je bredouille quelques mots, mal à l'aise.
"Elle est très belle ta fille. Mais bien trop jeune pour moi. Je ne l'avais pas reconnu."
David fait un geste à Hannah pour qu'elle nous rejoigne. Il se marre. J'aime David pour ce rire, pour cette vie qui coule en lui.
La belle Hannah s'approche du bar, de nous, de moi sans me quitter du regard.
Ma salive se fait de plus en plus rare à chacun de ses pas plus proches de moi.
"Hannah ma bella, tu connais F. mon ami."
Elle se jette à mon cou. Je sens ses petits seins bien fermes contre ma poitrine.
Elle ne porte pas de soutien-gorge.
Elle m'embrasse en me jetant son regard vert enjôleur.
"Il y a longtemps que nous nous sommes pas vu, F. entre l'internat à Marseille et ta présence rare chez nous à Arles.
Cela doit bien faire 2 ans que tu ne m'as pas vu."
Elle me toise de son regard vert.
"J'ai grandi. Je suis une femme maintenant." dit-elle en me défiant.
Elle prend ma coupe de champagne et la porte à ses lèvres rouges sans me quitter du regard.
Je suis littéralement en flamme.
Elle rit.
Elle danse pour moi.
Je ne vois que la sublime Hannah.
Je suis totalement subjugué.
Je m'approche et la saisie par la taille.
Nous dansons avec furia.
Le son des guitares et sa jeunesse m'emportent.
Les lumières s'estompent.
“Un amor" des Gipsy.
Je presse Hannah contre moi.
Je l'embrasse éperdument.
La sublime Hannah m’incendie tout entier.
Nous partons ensemble.
Nous faisons l'amour cette nuit là très fort à l'hôtel imperator où j'avais réservé depuis longtemps une suite.
"Fais-moi l'amour.
Aimes-moi comme tu n'as jamais aimé mon amour", me susurre-t-elle.
Sa peau est d'une douceur infinie.
Nous sommes fous.
Hannah me chavire.
Nous perdons nos sens, l'esprit, jusqu'à notre dernière jouissance à l'aube.
Nous ne nous sommes plus quittés.
Hannah est dans sa dernière année au lycée Thiers de Marseille.
Une jeune femme très brillante, un diamant, une passionnée d'art vivant.
Elle me rejoint tous les soirs chez-moi à la pointe d'Endoume.
Nous regardons la mer.
Je possède son corps.
Nous vivons l'instant présent à son paroxysme.
Elle est belle ma Hannah.
Elle est amoureuse.
Je la regarde faire le marché de Noailles, me faire goûter les cerises, les fraises, choisir l'espadon et les meilleurs fromages. Hannah est heureuse.
"A l'instant où je t'ai vu.
Je t'ai aimé.
J'avais 12 ans.
Tu portais une veste en daim usée par le temps.
Ton regard pétillait de vie.
Tu nous parlais de vie, de rêves, d'amour. J'étais conquise."
Hannah avait déboulé dans ma vie avec fureur.
Elle embrasait mon âme.
"Tu te souviens de la féria il y a 2 ans ?
Mon père t'accompagnait au piano chez Simon.
Il jouait « Love me, please love me », de Polnareff.
"Tu chantais.
Tu étais beau.
Tu faisais battre mon cœur F.
Tu n'avais aucun regard vers moi. J'étais totalement folle."
J'aime la regarder marcher, sourire, m'aimer, me faire jouir.
Nous marchons.
Nous sommes nu sur la plage désertique et sauvage de Beauduc en Camargue.
Hannah court, m'entraîne dans les vagues. Elle rit, me crie.
"Je t'aime. Je t'aime."
Nous nous embrassons. La houle forte nous rejette sur la plage.
Je roule sur elle.
Elle me mord la lèvre.
Je la plaque sur la grève et colle mon bassin contre elle.
"Prends-moi mon amour."
Je lui lèche ses petits seins fermes et l'excite de petits coups de langue faisant bondir ses tétons.
Hannah se cambre pour m'offrir son sexe.
Je rentre en elle avec force.
Elle s'agrippe à mes épaules pour que je vienne au fond d'elle.
J'ai emmené Hannah avec moi à Vienne, Budapest, Karlovy vary, sur les traces Gypsy de l’est.
J'expose cette année là un court métrage au off du off des rencontres d'Arles.
Avec mes copains de la galerie du mardi, nous faisons le buzz le temps d'une semaine.
Ferragamo, Zabou et d'autres personnes célèbres achètent nos oeuvres.
Chaque nuit, Hannah me rejoint au Cargo, lieu emblématique de fêtes où nous dansons.
Je dors dans la galerie.
Nous faisons l'amour comme des fous.
Au petit matin, elle s'en va rejoindre les siens.
Ce mois d'août qui débute est exceptionnel par sa chaleur.
Je ne vis qu'au jour le jour, Hannah et sa fougue près de moi.
Funk, soul, groove, transe, electro, salsa, Pop, Hannah est une danseuse née.
Nous sommes à l'aéroport de Marseille.
Nous partons passer deux semaines en Sicile.
Hannah est aux anges.
Elle est de plus en plus belle, totalement amoureuse.
Je lui fais découvrir les plus beaux espaces, sites antiques et vieux palais baroques.
Mais, chaque jour qui passe, Hannah devient de plus en jalouse, suspicieuse.
La pire maladie de l'amour la frappe.
Notre voyage devient un véritable enfer.
Après chacune de ses crises de jalousie folle, les pleurs, les excuses, le sexe toujours plus fort et extrême. Nos sens brûlent.
Hannah n'arrive plus à contenir sa jalousie sans raison.
Nos derniers jours passés sur l'une des plus belles îles de la Méditerranée deviennent un véritable enfer.
Tout devient source de disputes incompréhensibles dont nous nous souvenons même plus l'origine.
Hannah a peur à chaque instant que je l'abandonne.
Elle étouffe sous ses crises d’une jalousie extrême.
L'hôtesse de l'air à l'embarquement à Palerme prend mon billet et me sourit.
"Tu penses que je n'ai pas vu comme tu l'as regardé ?"
Je ne réponds plus à ses crises.
"Tu imagines que tu pourras me souffrir de la sorte en reluquant toutes les pouffes de la planète ?
Je t'aime depuis toujours mon amour."
La folie sans raison de la jalousie s'était emparée d'elle. Rien ne pouvait arrêter ses délires obsessionnels.
Elle crevait de jalousie, du manque d'assurance de la jeunesse, de la confiance en mon amour.
Je ne lui avais jamais dit 'je t'aime."
Hannah souffrait le martyr de la jalousie.
Elle ne respirait que la suspicion permanente.
J'essayais de mille façons de lui faire entendre raison.
Notre voyage de retour fut un enfer digne de Dante.
Passagers et stewards étaient compatissants, tant de folie sans raison.
Arrivée à Marignane, l’aéroport de Marseille, notre séparation fut surréaliste.
"Tu es mon amour pour la vie. Je veux porter tes fils, nos fils. Ils seront les plus beaux, les plus intelligents qu'on porté notre terre.
Tu dois me jurer de ne jamais me tromper ou j'en mourrai."
Ma Hannah, mon amour, ma sublime était devenue folle. Je ne savais quoi faire. Elle prit un taxi.
Je restais seul dans le hall principal un long moment. Je suis resté deux semaines enfermé à boire vin, Armagnac jusqu'à ne plus pouvoir respirer, à crever de douleurs.
Puis je repris le cours de ma vie.
J'attendais une réponse pour travailler sur plusieurs projets d'une boîte de production cinématographique indépendante.
Je sortais à nouveau avec mon pote Fred pour boire des coups et draguer de la donzelle.
Un soir je rencontrais une jeune femme. Elle m'emporta dans sa vie les douze longues dernières années.
Je passe un samedi à faire la fête avec cette jeune femme.
J'ai un black out.
La porte d'entrée s'ouvre, David.
"Ça va pas très fort mon ami.
Viens.
Allons prendre un café sur le vieux port.
J'ai envie de prendre le ferry-boat avec toi.
J'ai envie de te parler."
David démarre.
Il me laisse là, devant ma maison, avec mes doutes.
J'aurais eu un fils d'Hannah ?
Je passe toute la journée avec mes enfants, mes fils. Les écoles de la villes sont fermées à cause des risques d'inondations violentes.
Cette nouvelle de David m'étouffe un peu plus.
Ma souffrance est à son paroxysme. Je ne sombrerai pas dans la folie. Je m'accroche à la vie.
Les enfants passent le week-end chez des copains. C'était prévu depuis longtemps.
Je ne sais pas si je dois aller à Arles. Je passe la soirée avec un ami.
Puis, je décide d'avoir le cœur net.
Il faut que je sache.
Je suis totalement déchiré par le décès de ma femme.
Elle est morte d’un arrêt cardiaque sans souffrir.
Elle avait une malformation du coeur qui n’avait jamais été décelée.
Paradoxalement, j'ai envie d'avoir ce fils.
Nous avons eu deux fils avec ma femme.
Nous avons décidé de ne pas avoir d'autres enfants.
Cela s'est fait comme ça. Nous n'en n'avons jamais parlé.
J'en ai beaucoup souffert.
Plus j'approche d’Arles, plus la tension monte.
L’ami qui m’accompagne en voiture se moque gentiment de moi.
“S’il s’agit de ton fils.
Tu vas devoir payer douze ans de pension alimentaire en retard leur acheter la caravane dernier cri à cent patates.”
La fête bat son plein. Il doit bien y avoir 300 personnes.
David est près du feu.
Les grillades de toutes sortes tournent à plein régime sur l'immense barbecue en pierre.
On s'embrasse. Il est content que je sois là.
"Je savais que tu viendrais."
"Tu n'étais pas devant chez moi hier matin par hasard ?"
"Non.
Vas te chercher un verre. On se retrouve plus tard.
Gracias amico d'être venu."
Tout le monde a le sourire, les gens sont beaux.
La musique s'arrête.
Les Gypsies King s'installent sur l'estrade.
Ils jouent “Un amor".
Toute l'assemblée me regarde.
Hannah s'approche.
Elle danse pour moi comme il y a 12 ans à la Féria de Nîmes dans la bodéga.
Elle est encore plus belle dans sa robe rouge, du haut de ses trente ans.
Hannah danse de plus en plus près, et virevolte autour de moi sans me quitter des yeux.
Son regard vert, si intense, me transperce comme 13 ans plus tôt.
Nous sommes maintenant tous les deux au centre de l'assemblée.
Hannah me tend la main.
Je m'élance avec elle.
"Ne pleures pas mon amour. Aujourd'hui, je suis heureuse que tu sois là.
J'ai attendu longtemps pour te voir, pour te parler, pour me guérir du mal qui m'a frappé, qui m'a rongé toute entière."
Je ne dis rien, incapable de parler.
"Notre fils a besoin d'avoir le père dont il a été privé. Il te ressemble beaucoup.
Il te ressemble en tout. Nous lui avons tout raconté avec David, il y a peu.
Il pensait être le fils de l'amour d'une nuit."
"Comment l'as-tu appelé ?"
"Il porte ton prénom, F."
Hannah me prend par la main.
La foule d'amis, de cousins, de frères, de sœurs s'écarte.
"Il a quel âge ?"
"Il a 11 ans et demi."
"F. est né en mai alors ?
"Oui.
Il est né le même jour que toi, un 22 mai.
C'était un dimanche, 6 jours après la Féria. Il y avait un soleil extraordinaire ce jour là."
F. fait déjà un mètre soixante cinq. Il a la même taille qu'Hannah.
Sous les traits sublimes d'Hannah, on devine mon visage anguleux et mes joues creuses.
Il a les yeux émeraude intense de sa mère, les cheveux noir et la peau diaphane comme elle.
Je lui tends les bras.
"Viens mon fils."
La musique reprend immédiatement, totalement folle. Toute l'assistance applaudit, pleure, crie.
David est en face de moi.
"Viens.
Allons prendre un café sur le vieux port.
J'ai envie de prendre le ferry-boat avec toi.
J'ai envie de te parler."
J'aime prendre le ferry boat.
Le fort mistral a balayé tous les nuages pour laisser la place à un soleil intense qui illumine le vieux port de Marseille.
"Ta fille m'a bouleversé. J'ai passé des moments merveilleux avec elle pendant trois mois et demi.
Hannah a la jeunesse pour elle et toute la vie pour rencontrer celui qui l'accompagnera."
"Tu es l'homme de sa vie F.
Elle me l'a dit.
Je le sais."
"Hannah a 16 ans de moins que moi. Brillante, elle va étudier à l'université. Elle rencontrera des jeunes de son âge."
"Il n'y a pas d'âge pour s'aimer chez nous.
Vas la voir.
Parles-lui.
Il s'est passé beaucoup de choses depuis un mois que tu ne l'as vu. Elle a changé."
"Cela ne sera pas possible.
J'ai rencontré quelqu'un.
Je suis désolé."
David est rempli de tristesse.
"Je comprends.
If that's what you want.
Tu vas lui straziante le cœur à notre Hannah.
N'en parlons plus."
F. me sourit.
Je le serre très fort contre moi.
Mes sensations sont bizarres.
J'aime ce fils inconnu.
"Tu es mon père.
Je n'imaginais pas que tu me ressembles autant."
"Je n'imaginais pas avoir un grand garçon de ton âge.
Je suis heureux de te rencontrer.
Tu as aussi deux petits frères, Ariel 10 ans et demi et Dany qui a 7 ans."
"Je sais. David m'a dit que tu avais une famille. Tu ne savais pas pour moi.”
"Tu as vu comme il est beau notre fils.
Il travaille très bien à l'école aussi.
Nous vivons à Marseille près du cours Julien.
Laisse-nous un moment F.
Je dois parler à ton père."
"Je suis désolé Hannah.
Je ne savais pas.
Je ne pouvais pas."
"C'est du passé maintenant.
Je ne suis plus malheureuse comme je l'ai été pendant très longtemps d'avoir tout gâché, de t'avoir perdu mon amour."
“Quand David est venu me voir. Il ne m'a rien dit.
Je venais de rencontrer celle qui allait devenir ma femme et me donner deux fils. Tu étais déjà enceinte de moi ?"
"Nous avons conçu notre fils en Sicile pendant ces quinze jours où j'ai perdu la tête et suis devenue folle."
"Pourquoi me le dire maintenant après de si longues années ?"
"Je me suis totalement jeté dans mes études puis dans mon travail pour essayer de t'oublier.
Seulement, chaque jour F. me rappelait combien je t'avais aimé. Je n'ai plus eu d'amour après toi.
Je n'ai eu que des hommes de passage. Aucun n'avait le goût du rêve et de l'amour que tu portes."
"Pourquoi maintenant ?"
"Il y a 15 jours, un soir. David était à Montpellier.
Il t'as croisé dans la rue près de la gare. Il allait prendre le train pour rentrer à Arles.
Tu ne l'as pas reconnu.
Tu ne voyais personne.
Tu marchais.
Tu avais de la musique gitane très forte dans les oreilles.
C'était notre chanson."
"Tu avais les yeux rouges.
Des larmes coulaient sur ton visage.
David n'a rien dit.
Tu lui as déchiré le cœur.
Dès le lendemain, il t'as cherché.
Il as vu ton ami Patrick qui lui a tout raconté sur ta vie ces dernières années.
Le malheur qui te frappe au cœur avec ta femme morte dans un accident de voiture il y a six mois à peine.
C’était une belle femme.
Je ne suis pas jalouse.
David est venu me chercher à la sortie du lycée un soir la semaine dernière.
C'est la première fois qu'il venait. J'ai cru qu'il était arrivé un malheur à notre fils.
J'en serai morte.
Il m'a tout raconté, ta vie, ta femme, tes fils, ta douleur et ta renaissance en marche.
Il me dit que tu n'avais pas changé, que tu étais toujours une belle personne et aussi séduisant malgré les traces du temps et de la souffrance.
Le soir même, nous avons parlé à F. et nous lui avons dit la vérité.
Il était content de pouvoir mettre un nom, des images et une histoire sur sa vie.
David m'a proposé de faire une fête ici à Arles et de t'inviter en te mettant sur la voie pour t'intriguer.
Il était sur que tu viendrais.
J'ai douté jusqu'à la dernière seconde.
J’espérais que tu viennes."
"C'est un très beau cadeau que vous me faites car je suis totalement anéanti en ce moment.
Je m'accroche à mon travail, à mes fils, à mon acharnement à me battre pour vivre.
Cela va être compliqué, mais il sera le bienvenu dans ma famille, mon fils, F."
"Je suis heureuse que tu l'accueilles dans ton cœur."
"Tu sais Hannah.
Je t'ai aimé.
Tu auras toujours une place dans mon cœur et dans ma tête.
Mais, cela ne sera sans doute pas possible entre nous... Je ne sais pas.
J'ai besoin d'être seul un long moment pour guérir toutes mes blessures.
On verra avec le temps.
Je souhaite que tu n'espères pas.
Je ne veux pas te faire du mal."
"Tu es encore l'amour de ma vie.
Je t'aime depuis l'âge de douze ans.
J'attendrai.
Si tu en rencontre une autre le destin l'aura voulu ainsi.
Si tu reviens à moi.
Je serai la femme la plus heureuse du monde."
A toutes les Hannah
Hannah et F.
Fabien VIE
Montpellier