La Villa Méditerranée, une "maison" pour tous les Méditerranéens
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La villa Méditerranée vient de s’ouvrir au public : un espace à la fois nécessaire et unique, une véritable « maison », pour tous les Méditerranéens.
« Ici, on fait de la politique. » C’est sur cet aspect essentiel que le président de la région PACA Michel Vauzelle a insisté lors de sa présentation à la presse, tout en rappelant que si la construction de cet édifice est le fruit d’une volonté de la Région Provence Alpes Côte d’Azur, sa portée nationale est incontestable.
Car c’est à la France entière qu’il s’agit de restituer, à travers «ce lieu géostratégique qui est le sud de la France et notamment Marseille », sa vocation de territoire de rencontres, de réflexions et de libre expression culturelle et politique.
Une porte ouverte
Une France qui devra « tourner la page d’une France qui était trop facilement donneur de leçons ». La villa Méditerranée symbolisera ainsi la nécessaire ouverture aux autres populations du pourtour méditerranéen, à leurs jeunesses surtout, aujourd’hui doublement victimes des bouleversements politiques et sociaux qui agitent leurs pays et des visions racistes que portent sur elles les Européens.
La symbolique de cet édifice n’est pas celle d’une « Méditerranée des grands projets d’infrastructure ou d’investissement »,qui, bien que nécessaires, relève d’autres niveaux de compétences, dira Michel Vauzelle, mais celle d’une « Méditerranée de projets orientés vers la réflexion politique, sur l’état social, moral et politique des pays de la Méditerranée dont l’histoire retiendra l’extraordinaire irruption en politique » de toute cette jeunesse à découvrir.
La villa Méditerranée devra être au centre de ces échanges, fluctuante et dynamique, et y « seront les bienvenus tous ceux, et notamment les jeunes, qui, par les biais de réseaux sociaux ont une réflexion à proposer et à partager dans le domaine politique ».
Des expositions
Deux grandes expositions sont présentées aux visiteurs pour cette ouverture de la villa Méditerranée au public. Rien à voir cependant avec les expositions d’un musée. Ici point de posture contemplative. « Plus loin que l’horizon » et parcours « Furturistiques » sont l’expression d’un art « FabLab » selon la formule de Bruno Ulmer.
FabLab, une espèce d’acronyme qui traduit bien le caractère expérimental de formes esthétiques nouvelles dans lesquelles le rôle prédominant des technologies de la communication et de l’information n’exclut pas celui de l’écriture, la peinture, le dessin voire la sculpture. Les TIC restituent un canal familier aux visiteurs mais ils ont nécessité une rigoureuse scénographie pour faire prévaloir la production de sens, et d'échanges, tout en amplifiant les sujets qui se traitent eux-mêmes à travers elles. Il s’agit des peuples riverains de cette Mare nostrum, et surtout de leur jeunesse, « si nombreuse mais en même temps blessée » par les misères, les dictatures, les guerres et autres conflits meurtriers, qui les enferment dans des avenirs incertains et des horizons menaçants.
Des rencontres
Ce qui est donné à voir à travers cette multitude de matériaux, c’est tout simplement du vivant, ce sont des souffrances d’êtres que l’on croit étrangers, de pays que l’on croit lointains, mais dont à travers ces expos, souligne le réalisateur Régis Sauder, on ne « vole pas les mots » pour faire du spectacle, car il s'agit bien de leur « faire une place » pleine et entière sur le lieu même où ils s’exposent, en tant que porteurs de leur propre parole, de leurs propres récits.
La villa Méditerranée s’ouvre ainsi sur un art qui repose sur les notions politique d’égalité, de justice et d’échanges, bref de co-naissance, dont il faudra adapter les formes pour pouvoir le porter "partout autour de la Méditerranée, à Casablanca, Beyrouth ou ailleurs ", observe Régis Sauder, qui évoque l’immense émotion qui fut celle d’Aissa, « ce jeune Palestinien du camp de Sabra, de pouvoir sortir pour la première fois de sa vie, de son pays » pour venir avec d’autres jeunes préparer des journées de rencontre prévues pour le mois d’août à la Villa Méditerranée.
« Ici, on fait de la politique ! » résume le vice-président de la Région Bernard Morel. Sous tous ses aspects: par un « retour préalable sur les difficultés de l’expression artistique » en France, par une réflexion nécessaire sur les ségrégations, et notamment le phénomène croissant en France de « marginalisation et de racisme anti-arabe et anti maghrébin », et enfin une écoute authentique « des cris du cœur d’une jeunesse désespérée » avec laquelle il s’agit de réfléchir et d’avancer.