En Corée du Nord, l’horreur des camps de concentration « nazis », selon l’ONU
Par N.TPublié le
Un rapport de l’ONU sur la « République populaire démocratique de Corée » menace de poursuivre ses dirigeants devant la Cour pénale internationale (CPI) pour de graves atteintes aux droits de l’Homme assimilables à des crimes contre l’humanité.
Des actes comparables aux crimes commis par les nazis et leurs alliés pendant la seconde guerre mondiale sont courants dans des centres de concentration où sont enfermés des milliers de prisonniers, dénonce le président de la commission d’enquête, l’australien l'Australien Michael Kirby.
« Des centaines de milliers de prisonniers politiques ont péri dans des camps pendant les cinquante dernières années […], graduellement éliminés par des famines délibérées, le travail forcé, les exécutions, la torture, les viols et le refus des droits de reproduction appliqués par des punitions, des avortements forcés et des infanticides.. », décrit le rapport.
Un juge à la retraite a évoqué l'existence d'un camp de prison où les détenus avaient pour mission de brûler les corps des morts de faim pour en faire de l'engrais.
Les trois juristes internationaux qui composent la commission d'enquête ont établi que le nombre de camps et de prisonniers a diminué à la suite des morts et de quelques libérations, mais ils estiment que « 80 000 à 120 000 prisonniers politiques sont actuellement détenus dans quatre grands camps-prisons pour les politiques ».
« Ce rapport choquant devrait ouvrir les yeux du Conseil de sécurité de l'ONU » et « prendre en compte les crimes des dirigeants du pays » plutôt que de rester focalisé sur la menace nucléaire représentée par Pyongyang, a déclaré l'ONG Human Rights Watch (HRW). L’organisation a par ailleurs diffusé une vidéo rassemblant des témoignages de Nord-Coréens ayant survécu à des camps de travail forcé.
Forcés de creuser leur propre tombe...
L’ONG Amnesty International estime pour sa part que plus de 200 000 personnes sont enfermées dans des camps en s’appuyant sur l'analyse d'images satellites.
En observant les clichés pris en mai 2013, Amnesty a noté l'extension des infrastructures de Kwanliso 16, un camp situé près de Hwaseong, dans la province du Hamkyung du Nord, qui couvre environ 560 km².
Amnesty s'est en outre appuyée sur le témoignage inédit d'un responsable, jusqu'au milieu des années 1990, de la sécurité du camp n° 16, rapporte Jacques Follorou, journaliste du quotidien Le Monde. Ce dernier évoque le cas de détenus forcés de creuser leur propre tombe avant d'être tués à coups de marteau sur la nuque. Il affirme aussi avoir vu des fonctionnaires pénitentiaires étrangler des prisonniers avant de les achever en les battant à mort à l'aide de bâtons en bois.
Ce même témoin affirme que des femmes violées disparaissaient « Après avoir passé une nuit “au service” de hauts responsables, les femmes devaient mourir pour que personne ne découvre ce secret. C'est la même chose pour la plupart des camps de prisonniers politiques», raconte-t-il.
Les détenus mangent des rats ou des graines retrouvées dans les excréments d'animaux pour survivre. Forcés de travailler dix heures par jour et sept jours sur sept dans les champs situés à l'intérieur des camps, les prisonniers sont réduits « à l'état d'esclaves » et soumis à des traitements « cruels, inhumains et dégradants », selon les témoignages recueillis par Amnesty Internationale.
Pyongyang, soutenue par la Chine, a évidement rejeté les conclusions de ce rapport, le qualifiant de « produit de la politisation des droits de l'homme menée par l'Union européenne et le Japon, en accord avec la politique hostile des Etats-Unis ».