Activité de soutien scolaire à l'association AFAK (Photo: AFAK)

Résistance

Ici, la lutte a un sourire d’enfant, le regard gai de jeunes filles, la posture fière d’adolescents, elle se conjugue au quotidien avec l’intelligence et le talent de militants associatifs déterminés à toujours faire plus et mieux… A Si Mustapha, un bourg niché en bordure de la route nationale à moins d’une centaine de kms à l’est d’Alger, l’espoir fleurit obstinément au coin des rues, à l’écart des barrages fixes de gendarmes sur le qui-vive, malgré la crainte toujours présente d’attentats terroristes, la peur de retours sporadiques au cauchemar des années noires, quand les villageois impuissants comptaient leurs morts, dont plusieurs jeunes militants communistes victimes de la folie meurtrière de hordes d’intégristes islamistes.

Ici, la culture, le sport et les opportunités de loisirs offertes aux jeunes fonctionnent comme un antidote efficace contre l’obscurantisme. Le travail de fourmi que mène l’association AFAK à travers un éventail d’activités dispute depuis des années le terrain aux islamistes, réduit la portée de leur propagande et de leurs initiatives d’embrigadement de jeunes, réussit l’incroyable prouesse de repousser la présence de la moindre structure de partis de ce camp, alliés au pouvoir ou dans l’opposition.

L’insertion dans un réseau de solidarité internationale permet de palier l’insuffisance, voire l’absence d’aide publique, le plus souvent conditionnée à des contreparties d’allégeance et de clientélisme. Certes, la nouvelle loi sur les associations qui interdit l’aide internationale durcit les conditions de fonctionnement. Mais qu’à cela ne tienne, un système a pris vie, qui prospère et se nourrit de façon ingénieuse en investissant des parcelles d’utilité sociale qu’il devient difficile de rogner, entre crèche, bibliothèque, soutien scolaire, petite activité agro-industrielle, apprentissage, formation, centre de loisirs, festivités commémoratives.

De plus en plus nombreuses à travers le pays sont les associations qui consolident ainsi le progrès social dans la Cité, freinent la régression dont ne se soucie guère un pouvoir trop occupé pactiser avec le diable, toujours prompt à multiplier les concessions pour se maintenir coûte que coûte au point de mettre encore une fois la République en danger.

Dans une société Algérienne qui semble désormais attendre l’arrivée des islamistes au pouvoir comme une fatalité, tandis que les autres formations politiques, toutes tendances confondues, travaillent à tirer leur épingle du jeu ou à préserver leur survie, à Si Mustapha la rebelle, comme dans des centaines d’autres communes, le réseau associatif dans le domaine culturel et social, noyau dur de la société civile, fait de la résistance.