Montpellier : Le préfet refuse le vélo offert par un collectif de cyclistes !
Par nicolas éthèvePublié le
Un collectif de cyclistes a voulu offrir un vélo à Pierre de Bousquet de Florian, préfet de l'Hérault et de région, ce matin, suite à ses déclarations sur une répression accrue des deux roues, à venir cette année. Le Préfet n'a pas accepté le cadeau, mais cette opération aura eu le mérite de réchauffer les cœurs !
En Languedoc-Roussillon, on aime les cadeaux qui poussent sympathiquement les préfets à la réflexion ! Il y avait déjà, dans le Gard, le T-Shirt offert par G-Styl au préfet Hugues Bouziges pour la défense des fêtes votives ; il y a maintenant, dans l'Hérault, le vélo offert au préfet Pierre de Bousquet de Florian pour lui demander de faire preuve de plus d’empathie envers les cyclistes !
Une offrande symbolique
L'objet du combat n'est pas le même, mais le mode de mobilisation est identique : il s'agit, par le biais d'une offrande symbolique, d'interpeller un représentant de l’État quant à la radicalité présumée des propos qu'il a pu tenir sur un sujet très important pour certains citoyens qui souhaitent dès lors l'inviter à mieux découvrir leur communauté de valeurs et de pensée. Et tout cela, sous les feux des projecteurs de la presse, histoire d'avancer sur ces questions particulièrement sensibles pour chacune des parties...
En la matière, la communauté des Montpelliérains qui circule à la force de ses jambes n'a pas du tout apprécié les déclarations faites par le préfet, lors de la présentation de son plan 2013 pour la sécurité routière. Face, notamment, à l'annonce d'une répression qui serait accrue contre les cyclistes cette année, un collectif citoyen s'est rapidement monté avec, comme portes-paroles, Jacqueline Markovic et François Baraize, deux militants de Europe Ecologie-Les Verts. Et l'idée d'offrir un vélo au préfet s'est vite imposée, ce qu'une trentaine de personnes a tenté de faire ce matin à 11h30, à la préfecture de Montpellier.
« Un cadeau, ça ne se refuse pas », dit le dicton, mais le préfet de région n'a pas accepté le biclou rutilant, qui lui était proposé. Au motif, exprimé par son directeur de cabinet, qu'il en possède déjà un !
Toujours est-il que le préfet de l'Hérault aura pu prendre connaissance du texte rédigé par le collectif et lu à la préfecture ce matin. En voici son contenu, in extenso...
« M. Le Préfet, voilà votre vélo »
« M. Le Préfet,
En présentant votre plan 2013 pour la sécurité routière, vous avez déclaré être frappé du nombre de cyclistes qui empruntent les voies de tramway et les sens interdits, faisant référence à une “série” d’accidents graves, pour conclure sur votre volonté que les imprudents cyclistes soient verbalisés avec vigueur.
Cyclistes urbains, acteurs d’une vie cycliste montpelliéraine forte de nombreuses et dynamiques associations, nous avons tenu à réagir avec force, humour et générosité, pour vous inviter à ne plus prendre des cas isolés pour des généralités, et vous faire découvrir une réalité que vous semblez ignorer.
Nous sommes, nous, citoyens de cette ville, usagers de ses services, experts, à notre façon, de notre quotidien.
Nous savons, grâce aux chiffres de VOS services, qu’il n’y a pas de “série” d’accidents graves. Il y a 1 accident grave. Et la série de “1” n’existe pas.
L’imprudence pour un cycliste n’est pas dans l’utilisation des voies de tram, mais dans son insertion dans un trafic automobile. C’est d’ailleurs pour cela que le Code de la Route, dont vous êtes le garant de l’application, permet aux maires d’autoriser la circulation des vélos sur les voies de bus et de tramway.
L’imprudence, pour un cycliste, n’est souvent pas de prendre un sens interdit, et de voir les voitures en face. Mais de prendre le bon sens, et d’avoir les voitures dans le dos. C’est aussi pour cela que le Code de la Route prévoit les contre-sens cyclistes.
L’imprudence pour un cycliste n’est pas toujours de prendre le feu rouge pour un cédez-le-passage, mais de croire que l’automobiliste ne va pas le bousculer au démarrage. Et c’est pour ça que le Code de la Route prévoit depuis un an la possibilité de transformer certains feux rouges en cédez-le-passage. Ce que l’on appelle le tourne-à-droite.
Vos services le disent, M. Le Préfet, le vélo n’est pas, comparativement aux autres modes de transport, dangereux pour autrui. Il est surtout dangereux pour les cyclistes de s’insérer dans la circulation., tant les automobilistes ont du mal à partager la voirie.
Nous cyclistes sommes des partageurs !
Nous voulons une voirie mieux partagée, et plus sûre.
Nous voulons des politiques de déplacements et de sécurité plus intelligentes, et nous partageons notre expérience pour les améliorer. Et pour mieux la partager avec vous, M. Le Préfet, nous avons décidé de vous offrir un vélo.
Dans un premier temps, nous avions pensé vous offrir un tandem avec chauffeur.
Mais il est de votre devoir de Préfet de vivre cette expérience par vous-même, nous avons décidé de partager avec vous notre réserve de vélos à recycler.
Voici donc un vélo, un biclou, en bon état de marche. Il a quelques petites imperfections, que vous pourrez régler dans un atelier associatif de réparation comme le Vieux Biclou, qui a préparé votre monture aux normes de sécurité.
Nous vous offrons également un module de formation à la conduite du vélo en ville, indispensable pour bien débuter.
Enfin, nous vous proposons de partager avec nous une balade urbaine à vélo, qui vous permettra de mieux comprendre la réalité des cyclistes en ville, et par la-même d’amorcer un dialogue fructueux avec les associations d’usagers comme Vélocité. Vous pourrez alors aider au mieux les collectivités locales à aménager une voirie pacifiée, sûre et agréable. »