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Marseille : trois questions à Evelyne Deldon, directrice de la gestion locative de Marseille Habitat (Grand Angle)

Depuis une quinzaine d’années, la société d’économie mixte, Marseille Habitat, participe à la réhabilitation d’anciens immeubles dans le quartier de Belsunce (1er). Transformés en logement pour les étudiants en classe préparatoire au lycée Thiers et pour les étudiants à l’université de droit ou de sciences, ils participent à « l’émergence d’un quartier étudiant en centre-ville » tel que le souhaite la municipalité. Rencontre avec Evelyne Deldon, directrice de la gestion locative de Marseille Habitat.

_.Quelle est la spécificité des logements que vous proposez ?

Nous proposons des logements dans un quartier ancien. Le produit est atypique. Il ne s’agit pas d’un studio lambda, moderne et carré. Les logements sont tous différents avec des terrasses, des mezzanines, des petits recoins ou des balcons qui permettent aux étudiants de se sentir bien dans ce qui est souvent leur 1er logement. Souvent les frères et sœurs reprennent l’appartement. C’est une marque de reconnaissance pour nous. Ca veut dire que les étudiants se sentent bien et que le produit est adapté. Alors que bien souvent, au début, on a du presque un peu forcé la décision des parents. Mais ce qui fait aussi notre différence sur le marché, c’est le prix. 220 euros est le prix moyen pour un T2 auquel on lève l’APL que reçoit l’étudiant et qui varie entre 150 et 120 euros en fonction du montant du loyer.

_.En quoi cette jeunesse est importante pour le centre-ville ?

Je trouve cela très important que les universités soient en centre ville. Marseille doit se développer autour de la notion d’accueil et de diversité. La jeunesse ouvre ce quartier à une réelle mixité en apportant une touche supplémentaire à des quartiers au départ désertés et en transition. Réhabiliter un quartier est très difficile à Marseille. La population est une force vive. Il y a une force de résistance que l’on ne change pas comme ça parce qu’on l’a décrété. Les gens sont fiers de leur quartier et le défendent. Je trouve ça sain. Du coup les étudiants revalorisent positivement le quartier. C’est une façon de dire : il n’y a pas de zone interdite. A partir du moment où il n’y a pas d’a priori, on peut se sentir bien. C’est le regard que l’on va poser me semble t-il qui est important. Et le cœur de ce renouvellement c’est l’Alcazar. Cette bibliothèque placée là, sur le cours Belsunce, c’est presque de la provocation. Et ça marche.

_.Et inversement, que peut apporter le quartier à ces jeunes étudiants ?

La cité a vocation à être pédagogique. L’étudiant en centre ville est ancré directement dans la ville et dans la vie réelle. C’est une 1ère expérience de l’indépendance. Sans faire d’angélisme, je pense que pour des jeunes qui arrivent de petites communes, c’est formateur. A la fin de leurs examens ou concours, certains nous laissent des mots de remerciement. Ca me conforte dans l’idée que l’on a eu raison de s’entêter. On peut étudier en centre ville sans avoir la peur au ventre et en ayant des logements corrects et de bonne qualité. La mixité permet d’ouvrir des horizons. C’est une petite part de risque, riche d’enseignement.

Propos recueillis par Isabelle Appy