Le sénat français ratifie la loi sur les génocides, la presse turque tire à boulets rouges
Par N.TPublié le
Un vent de colère souffle sur Ankara déclenché par le vote au sénat français, lundi soir, d’une loi sanctionnant d'un an de prison et de 45 000 euros d'amende la négation de tous les génocides reconnus par la France, dont celui des Arméniens en 1915. Le texte avait déjà été adopté par l'Assemblée nationale le 22 décembre.
Les turcs en sont convaincus: proposée à trois mois des présidentielles, la loi en question a pour seul objectif de rallier l’électorat d’origine arménienne. Dès lors, la presse est sérieusement monté au créneau mardi 24 janvier, accusant Nicolas Sarkozy de manipuler l’opinion à des fins politiques.
"Honte à toi, France !" titre en une le quotidien populaire Vatan. "La France, où est né l'idéal de liberté, a porté le coup le plus dur à la liberté d'expression. En votant la loi sur la négation du génocide, elle a renié son propre passé."
"Le président français Sarkozy a tourné le dos à la liberté et à la Turquie pour quelques votes", dénonce se son côté le journal populaire Posta.
Le journal à grand tirage Hürriyet barre lui sa une d'un "Il a massacré la démocratie", à côté d'une photo du président français.
Habituellement opposés, le très laïque Cumhuriyet et l'islamo-conservateur Zaman unissaient leurs voix pour dénoncer respectivement "la justice à la française" et "une honte historique".
"Un sujet sur lequel les historiens doivent trancher est tombé dans l'ombre de la politique", déplore le quotidien libéral Radikal.
Le journal pro-gouvernemental Yeni Safak s'enflamme contre "les petits calculs électoraux de Sarkozy (qui) ont conduit la France à commettre un grand crime contre l'humanité".
Plusieurs journaux appellent néanmoins les Turcs à la modération. "Le bon sens doit rester de notre côté", titre HaberTürk.
"Les réactions qui vont se multiplier de notre côté ne doivent pas donner aux forces ennemies de la Turquie qui se tiennent en embuscade l'occasion d'exploiter l'honneur national en irritant le Français moyen. Le droit et la science doivent être nos armes", écrit Vatan.
Dans un discours devant le parlement, le premier ministre turc a menacé la France de "sanctions par étapes", condamnant vivement le texte de loi qualifié de "discriminatoire" et de "raciste".
Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, a souhaité que la Turquie "garde son sang froid". De nombreuses personnalités françaises jugent en revanche plutôt maladroit et sans aucun intérêt le texte de loi ratifié, préférant laisser les historiens faire la lumière sur cette tranche d'histoire des relations entre l'Empire Ottoman et l'Arménie.