Turquie : vaste coup de filet contre l’État islamique après une fusillade meurtrière
Trois policiers ont été tués lors d’une opération à Yalova, dans le nord-ouest de la Turquie, tandis que 357 personnes ont été arrêtées dans un vaste coup de filet antiterroriste à travers le pays. Ankara affirme vouloir neutraliser les réseaux de l’État islamique à l’approche du Nouvel An.
Le bilan est lourd et le message, clair. À la veille des célébrations du Nouvel An, la Turquie a mené l’une de ses plus vastes opérations antiterroristes de ces dernières années. Selon le ministère turc de l’Intérieur, 357 individus liés à l’organisation État islamique (EI) ont été interpellés mardi dans 21 provinces du pays, dont Istanbul, Ankara, Antalya et Gaziantep. Les autorités affirment avoir ciblé des cellules dormantes suspectées de planifier des attaques pendant la période des fêtes.
Cette offensive survient après une fusillade meurtrière survenue lundi à Yalova, sur la rive sud de la mer de Marmara. Trois policiers turcs y ont perdu la vie lors d’un raid contre un groupe armé présumé affilié à l’EI. L’échange de tirs a également coûté la vie à six suspects. « Nos forces ont agi pour empêcher une attaque imminente », a déclaré le ministre turc de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, dans un message publié sur le réseau X (ex-Twitter).
Une menace persistante malgré la chute territoriale de l’EI
Depuis la chute du « califat » autoproclamé en Syrie et en Irak, la Turquie reste en première ligne face au spectre djihadiste. Elle partage plus de 900 kilomètres de frontière avec la Syrie et demeure un point de passage stratégique pour de nombreux réseaux terroristes. Ces dernières années, Ankara a mené plusieurs centaines d’opérations visant à démanteler des cellules de l’EI sur son sol. Selon les services de sécurité, plus de 2 000 personnes liées à l’organisation ont été arrêtées depuis 2022.
Mais les récents événements montrent que la menace reste bien réelle. L’État islamique, affaibli militairement, conserve une capacité d’action clandestine, notamment via des réseaux de financement et de recrutement en ligne. « Ces arrestations massives prouvent que le danger ne s’est pas éteint, il s’est simplement transformé », analyse un chercheur turc cité par le quotidien Mediaterranee.com.
Les perquisitions menées mardi ont permis la saisie de documents, d’armes et de matériel numérique. Plusieurs suspects seraient accusés d’avoir tenté d’acheminer des combattants vers la Syrie ou de collecter des fonds pour des opérations à l’étranger. D’autres auraient participé à la propagande en ligne de l’organisation.
Alors que les autorités turques redoutent une résurgence d’attaques à l’approche de grandes fêtes ou d’événements internationaux, ce coup de filet massif vise aussi à envoyer un signal de fermeté. « Nous ne permettrons jamais que le sol turc serve de refuge ou de tremplin au terrorisme », a ajouté le ministre Yerlikaya. Une déclaration qui résonne comme un avertissement, au moment où Ankara cherche à renforcer sa coopération sécuritaire avec ses voisins arabes et européens.
La Turquie, souvent frappée par le terrorisme djihadiste dans les années 2015–2017, veut éviter à tout prix un retour de ce cycle de violence. Ce nouvel épisode rappelle que, derrière la stabilité apparente, la lutte contre l’EI reste une bataille souterraine, permanente, et loin d’être terminée.