Le double défi de l'insurrection Libyenne
Par racPublié le
Ça ressemble à une série TV interminable, tricotée de rebondissements et d'énigmes. Entre la prise du quartier général du "Guide" par les rebelles, la fausse nouvelle de l'arrestation de ses enfants, son incroyable volatilisation, ses discours pieds de nez à la coalition, la poursuite des combats dans la capitale et la présence de troupes qui lui sont restées fidèles dans certaines localités, le tout sur fond de rumeurs de riposte, voire de recours à des armes chimiques, la fin du régime de Mouammar Kadhafi n'a pas fini de réserver des surprises, bonnes ou mauvaises.
Comme prévu, le bilan de la bataille de Tripoli est d'ores et déjà lourd en pertes humaines, la ville est sens dessus-dessous, dans l'ambiance toujours chaotique d'un aboutissement insurrectionnel, livrée aux risques de pillages, de représailles, de règlements de compte.
La période post-Kadhafi s'ouvre ainsi dans la confusion. La grande majorité des médias cale commentaires et analyses sur les facteurs internes à ce processus de rupture. Dissensions au sein du Conseil National de Transition (CNT), rivalités tribales et régionales, imprégnation islamiste de l'insurrection et de son état-major polarisent l'attention des observateurs. Autant d'aspects évidement déterminants a moyen terme dans la construction de la nouvelle Libye, une fois le clan de dictateurs définitivement neutralisé et la chute du régime clairement établie.
Mais pour l'heure, force est de reconnaitre que l'aprés-kadhafi est surtout en train de se jouer sur la scène internationale, entre les puissances qui ont prêté main forte aux rebelles. La France de Nicolas Sarkozy qui a pris l'initiative de se positionner en première ligne présente d'ores et déjà sa "facture" au CNT. La Grande-Bretagne et l'Italie ne seront pas en reste. La Chine a réajusté ses positions en fonction de la progression des rebelles. Le géant asiatique s'est d'ores et déjà assuré le respect des engagements contractuels de l'ancien régime. Le redémarrage de l'économie Libyenne est par ailleurs décisif du point de vue de l'Union Européenne, afin de freiner les vagues d'immigration clandestine provoquées par la pauvreté et la misère.
Riche de ses ressources pétrolières et débarrassée d'un dictateur hors catégorie, dont la Communauté internationale s'accommodait malgré tout, la nouvelle Libye va susciter appétits et intérêts. Il faudra surement à la direction politique du soulèvement beaucoup d'habilité pour déjouer les tentations de mise sous tutelle neocoloniale et se concentrer sur l'instauration des conditions d'une véritable démocratie, troisième élan du genre dans le monde arabe après la Tunisie et l'Egypte. Le double défi de l'insurrection Libyenne.