Trump à l’ONU : la dérive insensée d’un président qui menace le monde
Le discours prononcé par Donald Trump devant l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, restera comme l’un des plus stupéfiants de son mandat. Loin de faire preuve d’un minimum de retenue diplomatique, le président américain a choisi la provocation, l’outrance et la contradiction permanente. Ses attaques ont pris pour cible l’ONU elle-même, les Européens, la Russie, l’immigration et les politiques climatiques, dans un flot de sentences qui confinent à l’irrationnel. Ce moment en dit long non seulement sur sa vision du monde, mais aussi sur son état d’esprit, de plus en plus inquiétant.
Une charge inédite contre l’ONU
Jamais un chef d’État américain n’avait torpillé avec une telle virulence l’institution multilatérale censée incarner la coopération internationale. Pour Trump, l’ONU ne produit que des « mots vides », incapable de résoudre la moindre crise et, pire encore, génératrice de conflits. Il est allé jusqu’à accuser l’organisation de soutenir clandestinement l’immigration illégale, en distribuant nourriture, abris et cartes de crédit aux migrants. Cette rhétorique délirante, indigne du représentant de la première puissance mondiale, discrédite encore davantage une institution déjà fragilisée. L’image d’un président obsédé par des chimères conspirationnistes, colérique devant un prompteur en panne, ne peut qu’alimenter les doutes sur sa santé mentale.
L’Ukraine, volte-face et cynisme
Le chapitre consacré à la guerre en Ukraine illustre à merveille l’incohérence trumpienne. Quelques mois plus tôt, le président américain assurait que Kiev n’avait aucune chance de résister et devrait céder des territoires à Moscou. Désormais, il dépeint la Russie en « tigre de papier » et affirme que l’Ukraine peut « reprendre son pays dans sa forme originelle ». Un renversement total, sans justification sérieuse, qui laisse les observateurs incrédules. Dans le même temps, Trump continue de se garder d’annonces concrètes en matière d’aide militaire, préférant les ultimatums et les effets de manche. Après avoir humilié Volodymyr Zelensky, il prétend aujourd’hui soutenir sa cause : une contradiction de plus dans une longue série.
Leçons absurdes aux Européens
Trump n’a pas réservé ses invectives qu’à l’ONU. Les Européens en ont aussi pris pour leur grade. Sur l’immigration, il les met en garde contre « l’enfer » auquel les conduiraient leurs frontières ouvertes. Il invente même une volonté du maire de Londres d’instaurer la charia, pure fantasmagorie. Sur l’énergie, il condamne avec une brutalité rare la transition vers les renouvelables, qualifiées de « blague », d’« escroquerie » et de « pathétique ». Le changement climatique, selon lui, n’est qu’une machination destinée à affaiblir les économies occidentales. À la clé, une exhortation aux Européens à revenir au charbon, au gaz et au pétrole, dans un déni complet des données scientifiques et des urgences planétaires. Ces admonestations sonnent comme un retour aux pires réflexes nationalistes et productivistes du XXᵉ siècle.
Un prix Nobel de la paix pour le président de la guerre
Le point culminant du discours a sans doute été atteint lorsque Donald Trump s’est vanté de mériter le prix Nobel de la paix. Un paradoxe glaçant, quand on sait qu’il couvre et encourage la politique criminelle de Benjamin Netanyahou à Gaza. Plus de 60 000 Palestiniens ont été tués sous les bombardements israéliens, auxquels Washington continue de fournir armes et munitions. L’administration américaine cautionne en outre le recours à la famine comme arme de guerre, en bloquant les flux d’aide humanitaire vers l’enclave assiégée. Revendiquer le Nobel tout en s’asseyant sur le droit international et la dignité humaine relève d’un cynisme abyssal.
Un président dangereux
Au-delà des outrances verbales, c’est un climat plus large de peur et de division que cultive Trump. Aux États-Unis, ses discours nourrissent un nationalisme agressif et une haine de l’«autre » qui rappellent les heures les plus sombres de l’histoire contemporaine. En refusant toute nuance, en insultant les institutions multilatérales, en niant la science et en soufflant sur les braises de conflits déjà tragiques, il s’affirme comme le porte-voix d’un fascisme d’un nouveau genre, qui conjugue autoritarisme, complotisme et populisme médiatique. Sa prestation à l’ONU illustre une fois de plus la menace qu’il représente, non seulement pour son pays, mais pour l’équilibre mondial.