La France de la consommation et du progrès aurait-elle plus en commun avec Marilyn qu'avec son passé ? (DR)

Marilyn, mon amour... Algérie, mon tourment?

Par Hafida SEKLAOUI

Bizarrement, le cinquantenaire de l'Algérie indépendante coïncide avec celui du décès de Marilyne, mauvais présage! me dis-je. Et puis, quelque chose d'autre m'a sauté aux yeux.

Face à une profusion d'images d'une Marilyn sous toutes les coutures, dominant tout Paris, de timides apparitions disparates et mal assurées d'une guerre d'Algérie en mal de reconnaissance, tente en vain de ramener sur elle le regard d'une idole aveugle.

Et dans un brouhaha de restes d'idées chaotiques, inachevées, mort-nées, une voix me susurre timidement à l'oreille: que la France veuille risquer un regard même discret vers son passé colonial, quoi de plus naturel? Mais par tous les diables, Qu'a-t'elle a voir avec Marilyn?

D'où vient cet engouement purulent des médias pour cette figure sexy, frigide et piètre comédienne à la fois?

Qu'a t-elle a voir avec cette représentation d'une Amérique honnie par De Gaulle, encore héros en ces débuts des années 60?

La France de la consommation et du progrès aurait-elle plus en commun avec Marilyn qu'avec son passé?

Est-ce donc à cette pin-up, mal dans sa peau, que les faiseurs d'opinion veulent que la France d'aujourd'hui s'identifie?

A l'Image de cette vieille séductrice pathétique à l'affût du moindre regard admiratif et sourde à toute pensée critique?

Est-ce ainsi que la France doit finir?

Cette France à plusieurs reprises promise au néant, mais néanmoins repêchée par des sursauts de génie qui ont changé, à chaque fois le cours de son histoire.

Hafida SEKLAOUI