Proche-Orient : la Cisjordanie sous le feu de l’armée israélienne et des colons, avec le soutien de Washington
Par N.TPublié le
Israël profite du fragile cessez-le-feu conclu avec le Hamas dans Gaza dévastée pour attaquer les civils palestiniens en Cisjordanie occupée. Cette campagne particulièrement meurtrière a pour objectif de soutenir l’extension de la colonisation. La communauté internationale, notamment la France, garde le silence face à ces nouveaux crimes contre l’humanité.
L’armée israélienne a lancé une vaste opération le 21 janvier dans le camp de réfugiés de Jénine, utilisant des frappes aériennes, des bulldozers et des drones pour encercler et détruire des infrastructures. En trois jours, dix Palestiniens ont été tués, selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne. Les Nations unies ont dénoncé des « tactiques létales et guerrières qui semblent dépasser le cadre d’une intervention policière ». Elles soulignent que « toutes les routes menant au camp ont été rasées » par des bulldozers, isolant les habitants et coupant l’accès aux services essentiels.
Les habitants de Jénine ont été contraints de quitter leurs maisons après que l’armée israélienne a ordonné leur évacuation via des haut-parleurs fixés sur des drones et des véhicules militaires. « De plus en plus de personnes sont contraintes de partir à cause de l’opération israélienne et du manque d’eau », a déclaré le gouverneur de Jénine, Kamal Abou al-Roub. L’hôpital local, privé d’eau et d’électricité, fonctionne avec des réserves qui s’amenuisent, selon l’ONU.
Paralysie de l’économie locale
Shai Parnes, porte-parole de l’organisation israélienne B’Tselem, révèle de son côté que les raids s’accompagnent de « nombreuses arrestations » de Palestiniens, dont le sort reste inconnu. Des groupes de colons, souvent accompagnés par l’armée, ont mené des attaques contre des villages palestiniens, brûlant des maisons et des commerces. À Al-Funduq, des colons cagoulés ont incendié des propriétés palestiniennes, poussant même un policier israélien à les confondre avec des « terroristes ».
« On assiste à une explosion des actes de violence des colons en Cisjordanie depuis les attentats du 7 octobre », constate Thomas Vescovi, historien.
L’armée israélienne a « totalement paralysé l’économie locale », selon Shai Parnes. Les éleveurs ne peuvent pas déplacer leurs troupeaux, et la récolte d’olives, cruciale pour de nombreuses familles, n’a pas eu lieu pour la deuxième année consécutive. « Les restrictions de mouvement ont rendu la vie insupportable pour les Palestiniens, les privant de leurs moyens de subsistance. »
« Des terroristes juifs »
Depuis les attaques du 7 octobre en Israël, au moins 848 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie par des colons ou l’armée israélienne, selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne. « Israël cherche à ne pas perdre la face en intensifiant les opérations militaires en Cisjordanie, tout en maintenant une pression économique et sécuritaire insoutenable pour les Palestiniens », commente Thomas Vescovi. Selon lui, « Benyamin Nétanyahou cherche à resserrer les liens avec l’extrême droite israélienne en donnant des gages aux ultranationalistes ».
Le président américain a par ailleurs levé les sanctions contre les colons violents, encourageant ainsi leurs actions, estime le quotidien Haaretz, qui qualifie ces colons de « terroristes juifs ».
L’objectif d’Israël est de coloniser un maximum de terres pour torpiller la création d’un État palestinien. Une annexion de la Cisjordanie, soutenue par Washington, mettrait en effet fin à toute perspective de solution à deux États.
« Une conférence sur la création d’un État palestinien doit se tenir en juin prochain, mais que restera-t-il de la Palestine d’ici là ? », s’interroge l’historien Thomas Vescovi.