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Analyse: Quel président pour l’Egypte?

Un dictateur familier ne vaut-il pas mieux qu’un dictateur inconnu?

Les États-unis disent vouloir défendre la démocratie et lutter contre les dictatures....mais qu’en est-il quand ces dictatures les arrangent ?

En Égypte, les foules protestent contre une dictature qui, pendant des décennies, a mené une politique désastreuse sur tous les plans (social, économique, politique).

Depuis 1981, année de son accession au pouvoir, le président Moubarak a systématiquement écrasé toute opposition, par des actions brutales ou par l'organisation d'élections truquées.

Mais pour les dirigeants américains, il a toujours représenté un allié fidèle et précieux. Un allié stratégique, qui a su choisir son camp pendant la guerre froide, l'époque soviétique, et qui a maintenu des liens avec Israël, contrairement à d'autres pays de la région.

Ses prises de positions ont bien évidemment servi d'abord ses propres intérêts mais aussi ceux des administrations américaines qui se sont succédé jusque-là.

La réaction américaine face aux émeutes est, pour le moins, consensuelle: elle ne manque pas de rappeler la « stabilité » du gouvernement de Moubarak, même si elle rappelle la nécessité d’autoriser les manifestations d'un peuple qui ne fait que revendiquer ses droits fondamentaux.

Ces clashes entre dictatures et démocratie inquiètent les puissances occidentales, qui se montrent prudentes face à ces soulèvements dans des pays où le spectre de l'islamisme est plus que présent.

Les nations démocratiques ne peuvent supporter la menace d'une radicalisation extrémiste qui pourrait surgir des confrontations.

L'exemple du Hamas à Gaza suffit à rappeler que des peuples peuvent aussi élire démocratiquement des gouvernements de nature fanatique et totalitaire,quand ils sont mus par leur seule colère envers un Occident jugé en partie complice des pouvoirs oppresseurs et donc responsable de leurs souffrances.

Le cas de la Tunisie laisse cependant planer l'espoir de la concrétisation d'une vraie démocratie en pays arabe. Avec cependant toutes les réserves qu'imposeraient l'éventualité d'une victoire finale des islamistes qui bien sûr font et feront tout pour tirer un profit exclusif de cette "révolution de jasmin".

Les Égyptiens eux-mêmes sont bien conscients de ce risque, en cas de destitution de l’actuel président Hosni Moubarak. Quand bien même une grande partie de ce peuple n'aspire qu'à une modernisation de leur système politique et social qui donnerait à l'Égypte une place légitime au sein des nations prospères, il n'en reste pas moins qu'une autre partie n'a pour seul et unique objectif - formulé très fort d'ailleurs - que ramener le pays dans l'ère du huitième siècle islamique.