Elections législatives : Felix Beppo, candidat à la candidature, en son âme et conscience
Par nicolas éthèvePublié le
L'idée lui est apparue comme une évidence au cœur de l'été, face à l'engouement suscité par son livre, « Itinéraire(s), carnet d'un élu de terrain » (Editions L'Harmattant). Être candidat à la députation, pourquoi pas ? C'est donc décidé, Felix Beppo est candidat à la désignation des socialistes pour les élections législatives. Par le vote des militants, au niveau local, ou par décision de Soférino au niveau national, ce sera selon... Il l'a annoncé publiquement mardi matin sur les ondes de France Bleu Hérault (1), à la surprise générale. Une surprise d'autant plus grande que Felix Beppo n'avait rien laissé transparaître, lors de son récent passage à Montpellier pour la présentation de son ouvrage littéraire (2). Même si, après coup, on peut deviner la joie de cette décision dans la lumière de son regard, lorsqu'il est interviewé le 30 septembre dernier sur TV Sud Montpellier par Julien Lamoussière, qui l'interroge quant à son éventuel désir de revenir à Montpellier ( voir la vidéo à 4 minutes et 25 secondes ) :
Directeur général du syndicat mixte des transports de l'Hérault, entre 2001 et 2004, puis directeur de cabinet du maire de Montpellier Hélène Mandroux de 2004 à 2008, Felix Beppo avait cette année-là quitté l'espace public montpelliérain pour être élu adjoint au maire socialiste du 18ème arrondissement auprès de l'ancien ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant (PS).
Sans doute parce que cet accès à la fonction élective dans l'espace public lui avait alors été fermé par Georges Frêche, dès 2005, avec cette sentence tombée comme un couperet : « Beppo, vous ferez de la politique, mais ça ne sera pas à Montpellier ». Une règle de « l'Imperator » qui s'appliquait alors à « tous les collaborateurs de cabinet », précise le principal intéressé.
Mais, aujourd'hui, les choses ont bien changé. A tous les niveaux. A l'extérieur, comme à l'intérieur de l'esprit de cet homme passé de l'ombre à la lumière. Un directeur de cabinet, avec un haut niveau de formation, devenu élu en charge de la délégation espace public et responsable de la gestion urbaine de proximité, à Paris. La preuve, par Felix Beppo : « c'est un sujet que j'ai souvent abordé avec Hélène Mandroux. Je ne vois pas pourquoi quelqu'un d'expérimenté qui s'approche de ses 50 ans - j'ai 48 ans aujourd'hui -, serait moins crédible que quelqu'un d'autre pour représenter le pays et pour le faire avancer. Je refuse qu'on me dénie la capacité à participer au débat démocratique et à représenter les Français. Cela me semble injuste que l'on puisse imaginer ce genre de choses. Le combat politique, j'y suis prêt, le débat d'idées, aussi, et je l'ai montré. C'est pour cela que je me suis dit : pourquoi pas moi ? Je porte des valeurs et des convictions, j'aime mon pays, j'ai envie de le représenter... Il n'y a pas de raison que cela ne puisse pas être reconnu et accepté ».
« Je porte des valeurs et des convictions »
"Pas de raison", à un détail près. Plusieurs socialistes sont d'ores et déjà en lice pour la désignation des candidats PS aux législatives dans l'Hérault. Outre Frédéric Bort et Christophe Moralès qui se sont déclarés il y a longtemps déjà sur la 1ère circonscription de l'Hérault, Charles Khoury, ancien chef de cabinet d'Hélène Mandroux, s'est lui-aussi porté candidat sur la 2ème circonscription. Une circonscription aujourd'hui représentée par André Vézinhet, le président socialiste du Conseil général de l'Hérault.
A son sujet, Felix Beppo y va sans détour : « je ne comprend pas qu'André Vezinhet n'ait pas d'ores et déjà tiré sa révérence sur la 2ème circonscription, au vu de son âge - il a 72 ans l'an prochain - et, surtout, de son soutien à Martine Aubry (premier secrétaire du PS) qui s'est clairement positionnée contre le cumul des mandats. Les statuts que nous avons votés au PS sont très clairs : les circonscriptions qui sont détenues par des élus en situation de cumul de mandats doivent en priorité revenir aux femmes et aux candidats issus de la diversité ».
Et Felix Beppo de bien préciser l'essence de sa candidature : « je ne suis pas qu'un candidat de la diversité ». S'il a des propositions à formuler et à porter, notamment sur « le vivre ensemble », « la laïcité », « la politique de la Ville » et « l'habitat », avec, dans sa boîte à outils, le respect de la « mixité sociale », Felix Beppo souhaite tout simplement poursuivre son engagement républicain avec un grand « R ». Et il serait très heureux de pouvoir le faire à Montpellier, sur les terres héraultaises où cet « enfant de la Goutte d'Or » se sent tout autant chez lui qu'à Paris : « Je suis contribuable héraultais. Chaque fois que je le peux, et la presse régionale s'en fait d'ailleurs souvent l'écho, je reviens à Montpellier. J'y ai mes habitudes et beaucoup d'amis, c'est une terre que j'aime depuis longtemps ».
« Ma candidature est libre et volontaire »
Une terre en proie à de grandes divisions au sein du PS, depuis le décès de Georges Frêche, comme Felix Beppo, soutien de Martine Aubry durant les primaires citoyennes, l'évoque sans tabou : « Le PS a commis deux fautes politiques : s'asseoir sur le vote des militants et s'asseoir sur 58 élus de la République. Quand on veut partir devant les électeurs, avec la bataille reine qu'est l'élection présidentielle et, derrière, les élections législatives, ce sont des erreurs à ne pas faire. Force est de constater que depuis un an et demie maintenant, nous n'avons réussi à trouver, ni la paix, ni la sortie. Aujourd'hui, Solférino est empêtrée dans tout ça. La tutelle de la fédération socialiste a réussi les primaires, sans aucun doute, mais comme beaucoup d'autres fédérations, et elle fonctionne d'une manière très chaotique... »
C'est pour toutes ces raisons que Solférino pourrait bien décider de régler la question de la désignation des candidats héraultais du PS à la députation au niveau national, plutôt que de passer par le vote des militants, comme l'a indiqué Frédéric Bort à Médiaterranée Languedoc-Roussillon (3). Face à ce flou, Felix Beppo a décidé d'« inscrire très clairement » sa candidature, sachant que « tout va se jouer dans les deux prochaines semaines » et ne voulant pas « être en reste ». Il l'a fait dès la semaine dernière en adressant un courrier à Martine Aubry et à Christophe Borgel, le secrétaire national chargé de la vie des fédérations et des élections. Une décision prise en son âme et conscience, souligne fermement Felix Beppo : « ma candidature est libre et volontaire. Personne ne m'a dit présente-toi, comme ça, ça nous permettra de faire des stratégies à dix-huit bandes... Je ne suis pas le candidat des Parisiens ! »
Pas candidat des Parisiens, mais aujourd'hui élu à Paris... « Si je suis désigné candidat, je cesse immédiatement mes fonctions d'adjoint au maire du 18ème arrondissement », garantit l'élu, puisque politique rime avec éthique.
N.E
(1). http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-bleu/?nr=1a432e859f00b59f955…
(2). http://www.mediaterranee.com/3052011-felix-beppo-itineraires-carnets-du…
(3). http://www.mediaterranee.com/2412011-frederic-bort-freche-cetait-la-rup…