France : Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, un équilibriste sur des chantiers sensibles
Par N.TPublié le
Le ministre de l’Intérieur du gouvernement socialiste, Manuel Valls, manifeste de la fermeté tout en marquant sa différence avec ses prédécesseurs de droite, notamment Nicolas Sarkozy. Sa politique à l’égard du culte musulman et de l’immigration semble pour l’heure avoir bonne presse auprès d’une majorité de l’opinion.
L’inauguration en grande pompe, jeudi 27 septembre à Strasbourg, de la plus grande mosquée de France en présence des représentants du culte musulman et des pays donateurs fait sans doute râler dans le camp de la droite et du Front National. D’autant que le ministre n’a pas manqué de saisir l’occasion pour transmettre un message de fermeté à l’adresse des fondamentalistes, coupant court à d'éventuels commentaires l’accusant de complaisance.
«Les prédicateurs de haine, les partisans de l'obscurantisme, les intégristes, ceux qui veulent s'en prendre à nos valeurs et à nos institutions, ceux qui nient les droits des femmes, ceux-là n'ont pas leur place dans la République», a-t-il martelé.
Le ministre n’a pas non plus manqué de fermeté face aux tentatives de manifestations en réaction aux caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo, n’hésitant pas à les interdire, mais non sans prendre soin de s’assurer l’adhésion et l’appui des représentants du culte musulman. La France, pourtant première cible d’Al-Qaïda, a traversé paisiblement cette épreuve.
«Qui peut tolérer des manifestations où l'on prône la haine avec des slogans racistes et antisémites, avec des individus dangereux et des femmes totalement voilées?», avait-il dit dans une interview au Journal du Dimanche au lendemain des appels, tout en saluant « la sagesse et la maturité [...] de nos concitoyens de confession musulmane et des représentants du culte musulman qui ont appelé au calme ».
Préserver une empreinte de gauche…
Au chapitre de l’immigration, autre question sensible, Manuel Valls a annoncé la couleur dès son investiture, balayant les soupçons de complaisance mais sans se priver de « nettoyer » un dispositif législatif et réglementaire injuste et essentiellement répressif.
« Aujourd'hui, la situation économique et sociale ne permet pas d'accueillir et de régulariser autant que certains le voudraient. C'est ma responsabilité de ministre de l'intérieur de le dire. Je l'assume », confiait-il au journal Le Monde
Mais le ministre a entrepris dans la foulée l'élaboration d'une batterie de circulaires mettant fin à la rétention des familles, uniformisant les critères de régularisation abandonnés au bon vouloir des préfets, et facilitant la naturalisation perçue comme « un moteur de l'intégration et non le résultat d'une course d'obstacles aléatoire et discriminante ».
S’agissant enfin du vote des étrangers, Walls s'est empressé de tempérer un premier jugement expéditif de rejet du principe, en contradiction avec les promesses du candidat Hollande, estimant qu’il faut juste prendre le temps de bien faire les choses.
Sans rien céder qui puisse donner du grain à moudre à l’opposition en embuscade, Manuel Walls tente ainsi de préserver une empreinte de gauche sur sa politique. Hyper actif, le ministre qui fait quasiment l’actualité au quotidien se livre à un véritable exercice d’équilibriste sur des chantiers sensibles et amortit l'impopularité du chef de l'Etat et du premier ministre confrontés au chômage de masse et à la difficulté de contenir la cascade de plans sociaux.