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Fin du G8 à Deauville : arrangements entre grandes puissances face aux soulèvements dans les pays arabes.

Dans la forme, le discours des dirigeants des pays du G8, réunis à Deauville, sur la côte normande, rend hommage aux bouleversements politiques dans les pays arabes. Dans le fond, les chefs d’Etats conviennent surtout d’arrangements, ménageant les intérêts des uns et des autres, sans oublier Israël.

Les dirigeants des pays du G8 estiment ainsi dans leur déclaration finale que «les changements historiques actuellement à l'œuvre en Afrique du Nord et au Moyen-Orient peuvent ouvrir la voie à des transformations comparables à celles survenues en Europe centrale et orientale après la chute du Mur de Berlin».

La roue a tourné en effet. Aux peuples Tunisiens et Egyptiens qui ont débarqué leurs dirigeants et veillent désormais à défaire les régimes totalitaires dont les pays du G8 s’accommodaient, ils promettent désormais un plan d’aide de grande envergure de 40 milliards de dollars, dont 20 milliards provenant de banques multilatérales de développement, une dizaine de milliards de dollars d'engagement bilatéraux et une autre dizaine des pays du Golfe, convaincus semble-t-il de mettre la main à la poche.

La France accorderait a elle seule 1 milliard d'euros d'aide à l'Egypte et à la Tunisie. FMI et Banque Mondiale s’y mettent aussi, promettant pour le premier de débloquer 35 milliards pour « stabiliser » les économies de ces pays.

Un plan d’aide somme toute incontournable, sachant que les pays du G8 n’ont aucun intérêt à voir ces économies finir de s’effondrer entraînant des vagues d’immigration et creusant à nouveau le lit des intégrismes. Le reste, les positions des uns et des autres sur les « foyers sensibles » de la Libye, de la Syrie et sur la question palestinienne sont affaire de compromis.

« M. Kadhafi et le gouvernement libyen ont failli à leur responsabilité de protéger la population libyenne et ont perdu toute légitimité. Il n'a aucun avenir dans une Libye démocratique et libre. Il doit partir », affirment les chefs d’Etats du G8.

Certaines sources laissent cependant entendre que la Russie a accordé son soutien à cette position contre la vente de porte-hélicoptères Mistral français à son pays. « On n'échange pas un BPC (bâtiment de projection et de commandement de type Mistral) contre une position politique d'un grand pays comme la Russie », a toutefois assuré M. Sarkozy lors d'une conférence de presse.

Une chose est sûre semble-t-il, la Russie s’est proposée pour négocier une solution avec le régime de Mouammar Kadhafi.

S’agissant de la Syrie, le G8 s'est déclaré "consterné" par la mort d'"un si grand nombre de manifestants pacifiques", tués par les forces de sécurité, et se contente de demander à Damas de cesser "immédiatement" l'usage de la force. Bachar Al-Assad peut tranquillement continuer sa sale besogne, pas de menace à l’horizon de saisine du Conseil de sécurité de l'ONU, comme pouvait espérer le peuple Syrie qui compte ses morts au quotidien.

Israël non plus n’a pas d’inquiétude à se faire. L’antienne sur le processus de paix aurait meublé les discussions du dîner, mais le communiqué final a évité toute référence à la dernière sortie d’Obama sur un Etat palestinien dans les frontières de 67. Pas question de fâcher l'Etat Hébreu. Le printemps des palestiniens n’est pas pour demain.