rançois Bayrou emmène ses ministres à Mayotte, territoire de misère dévasté par le cyclone ou la colère est grande (Analyse)

François Bayrou emmène ses ministres à Mayotte, territoire de misère dévasté par le cyclone où la colère est grande (Analyse)

Le Premier ministre fraîchement nommé dans un brouhaha de critiques et de controverses, se rendra dimanche 29 et lundi 30 sur l’île dévastée par le cyclone Chido, accompagné des ministres directement impliqués dans la reconstruction du territoire. 

Seront du voyage, Élisabeth Borne à l’Éducation, Manuel Valls aux Outre-mer, Valérie Létard au Logement, Yannick Neuder à la Santé, et Thani Mohamed Soilihi à la Francophonie. Une délégation très attendue par la population qui reste confrontée à la lenteur des opérations de secours et du rétablissement d’un minimum de conditions de vie décentes. Plusieurs reportages de médias témoignent de l’ampleur des difficultés qui persistent plus d’une dizaine de jours après le cyclone et de l’état de désespoir des habitants.

Le dernier bilan indique 39 morts et 4 000 blessés, mais il pourrait sans doute être beaucoup plus élevé, notamment dans les bidonvilles et sur les zones encore inaccessibles. Ceci, d’autant que de nombreux habitants restent privés de moyens de communication. La presse rapporte que certains d’entre eux ignoraient même la récente visite d’Emmanuel Macron.

Un département à l’abandon depuis des décennies

Les enjeux sont cruciaux autour de la reconstruction et des infrastructures essentielles, telles que l’accès à l'eau potable et à l'électricité. Mayotte traverse une crise humanitaire sans précédent, exacerbée par sa pauvreté structurelle. Les habitants sont laissés-pour-compte depuis des décennies. Le département le plus démuni de France a été abandonné, ses besoins ignorés. Les autorités ont eu pour seule préoccupation la mise en place de dispositifs répressifs pour faire la chasse aux migrants. Lors de sa visite sur ce territoire de misère ravagé par le cyclone, le ministre de l’Intérieur n’a pas hésité à mettre en avant la question migratoire. 

Le premier ministre qui avait préféré une présence au conseil municipal de sa ville de Pau dans les heures qui ont suivi le cyclone et concentré l’attention de l’opinion sur la nomination de son gouvernement le jour du deuil national, a grandement besoin de redorer une image bien ternie au début de sa gouvernance. Il lui faudra sans doute affronter l’exaspération des habitants, tout comme le chef de l’Etat avant lui. Mais encore faut-il que ce contact ait vraiment lieu, hors des cycles de « réunions de travail ».

Les revenants Manuel Valls et Élisabeth Borne, chargés de l’Outre-mer et de l’Éducation sont en première ligne. L’état des établissements scolaire est catastrophique, la rentrée est compromise pour des milliers d’entre eux. Mais pour l’heure, les déclarations se limitent au constat, aucune mesure d’extrême urgence n’est envisagée pour préserver leur scolarité. Le gouvernement qui a jusque-là multiplié les déclarations de bonne volonté pour accompagner les premières interventions sur le terrain est au pied du mur. La colère des Mahorais est grande.