Les partisans d'Assad se sont emparés du champ de bataille électronique pour contrer les éventuelles futures frappes occidentales en Syrie. (D R)

Des hackers pro-Assad attaquent Twitter et le New York Times

Hier, un groupe de hackers syriens pro-Assad a attaqué plusieurs sites occidentaux, dont Twitter ou le New York Tilmes. Comme c'est le cas dans le conflit israélo-palestinien, internet et le champ de bataille électronique font partie de la guerre qui fait rage en Syrie.

Depuis quelques années, le web est devenu un véritable enjeu pour les acteurs de conflits. A la fois territoire à conquérir grâce à l'audience et au soutien que peuvent apporter les réseaux sociaux, internet est aussi le lieu où l'on peut, relativement facilement, attaquer et affaiblir son ennemi.

Le meilleur exemple de cette nouvelle guerre électronique reste le conflit israélo-palestinien. L'usage des réseaux sociaux par les deux parties est particulièrement actif. Facebook ou Twitter se transforment alors en véritables outils de propagande, où chacun des belligérants tente d'imposer sa propre vision d'événements en cours.

L'utilisation des réseaux sociaux, si elle reste généralement à visée de propagande, n'est pas exclusivement négative. Ainsi Tsahal, l'armée israélienne, avait félicité, par l'intermédiaire du compte Twitter de son porte-parole en arabe, le jeune Palestinien vainqueur du concours télévisé Arab Idol.

 

Hacktivistes actifs

Mais l'essentiel de l'enjeu de la guerre électronique passe par le piratage. Les hackers, plus précisément les hacktivistes, autrement dit les hackers militants, sont à la pointe de ce champ de bataille virtuel.

Ces pirates informatiques agissent généralement par attaques de masse et sont capables, si ce n'est de paralyser, tout au moins de bloquer temporairement une quantité de cibles sur les secteurs les plus variés.

Ainsi, en avril dernier, une attaque d'envergure avait été menée par le collectif Anonymous contre plusieurs intérêts israéliens. Le Shin Beith, service de sécurité intérieure israélien avait été mobilisé pour contrer l'assaut, mais n'avait pu empêcher le piratage de plus de 100 000 sites. Le hackage de la Banque d'Israël, notamment, avait concerné 30 000 comptes, et 200 000 numéros de cartes bancaires avaient été révélés.

Face à un tel préjudice, des hactivistes israéliens s'étaient également mobilisés et avaient mené plusieurs actions de représailles.

 

Une Armée Electronique attaque l'Occident

Hier, ce sont des pirates syriens pro-Assad qui ont mené des attaques d'envergure contre des sites occidentaux, en réaction aux éventuelles futures frappes militaires contre la Syrie.

L'Armée Electronique Syrienne, un groupe né en 2011, peu après le début de l'insurrection dans le pays, a piraté hier Twitter, le New York Tilmes ou l'édition britannique du Huffington Post. Seul le site de New York Times est resté quelques heures hors d'usage.

Au mois d'avril, déjà, la SEA (les initiales de son nom anglais, Syrian Electronic Army), avait piraté le site du quotidien britannique The Guardian ou l'agence de presse américaine Associated Press (AP).

La SEA, a revendiqué sur son compte Twitter ces cyber-attaques, et a posté un message sans équivoque : « Viva Syrian Arab Army, Viva Bashar Al-Assad... Long live #Syria! #SEA »

Pourtant, selon certains responsables de la SEA, le groupe ne serait pas lié au régime, mais se revendiquerait seulement « de la Syrie », et se serait formé pour réagir aux mensonges véhiculés sur leur pays. Il semble toutefois que leur liens avec le régime soient étroits. Selon The Guardian, c'est Rami Makhlouf, un cousin milliardaire d'Assad qui serait le financeur de la SEA.

Il est difficile de savoir exactement combien de membres composent le groupe. Eux-mêmes assurent être « plusieurs bataillons de jeunes Syriens enthousiastes ». Difficile aussi de savoir d'où ils agissent précisément. Toujours selon The Guardian, ils auraient fui la Syrie en 2012, et opéreraient depuis Dubaï. Eux affirment cependant n'avoir pas quitté la Syrie.

Hier, le cyber-assaut qu'ils ont mené a eu une certaine efficacité, mais sans pareil avec leur coup d'éclat, il y a quelques semaines : lors du piratage du compte Twitter d'Associated Press, ils avaient annoncé qu'une explosion avait eu lieu à la Maison Blanche, entraînant une chute éphémère mais brutale de la bourse à Wall Street.