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Syrie : Bachar Al-Assad fait le sourd et accuse les « ennemis de la Syrie »

Le président Syrien est intervenu mercredi 30 mars devant les députés et pour la première fois depuis les troubles qui secouent le pays et qui ont fait plus d’une centaine de morts et plusieurs blessés.

Chaudement acclamé par les parlementaires, Bachar Al-Assad a prononcé un discours pour la forme, après avoir limogé la veille son gouvernement, promettant vaguement des mesures contre la corruption et en faveur de l’emploi.

"C'est un moment exceptionnel, qui apparaît comme un test de notre unité", a-t-il dit en commençant son intervention, retransmise à la télévision. "Je sais que les Syriens attendent ce discours depuis la semaine dernière, mais je voulais attendre d'avoir une image complète de la situation... afin d'éviter de tenir des propos émotionnels qui auraient peut-être apaisé les gens, mais n'auraient pas eu d'effet concret au moment où nos ennemis visent la Syrie."

Le chef de l’Etat Syrien ne cède toujours pas sur l’essentiel qui mobilise les foules, à l’image de ce qui se passe dans tous les autres pays arabes : le pluralisme des partis politiques, la levée de l’état d’urgence, en vigueur depuis 1963, et la liberté de la presse.

«C'est un discours très général. Je ne suis pas sûr qu'il réponde véritablement aux attentes et je dirais même à la colère du peuple syrien. Il faut aujourd'hui des propositions concrètes pour répondre aux aspirations de ce peuple», a regretté Alain Juppé, ministre Français des affaires étrangères. Les diplomates américains estiment également que l’allocution du président Syrien «n'a pas été à la hauteur des réformes» exigées par les Syriens.

En réalité, cette fermeté affichée par Bachar Al-Assad n’est pas étrangère au fait que les occidentaux sont tout à fait disposés à lui laisser toutes les marges de manœuvres sans trop faire pression. A l’inverse de la Tunisie, de l’Egypte et de la Libye, la chute brutale du régime syrien déstabiliserait complètement la région considèrent-ils, et en présence d’un Hezbollah hors de contrôle. Mais reste à savoir si le peuple syrien entend les choses de cette oreille.