Le Conseil de sécurité de l'ONU sous pression des Russes et des Chinois. (DR)

Syrie : le Conseil de sécurité de l’ONU au pied du mur

Le plan de « sortie de crise » proposé par la Ligue arabe était examiné mardi 31 janvier par le Conseil de sécurité de l'ONU. La réunion s'est ouverte à 15 heures (21 heures à Paris) par un exposé du secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, et du premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani.

Accusant le régime de Damas de "tuer son propre peuple", le cheikh Al-Thani a demandé au Conseil de sécurité d'agir pour stopper la "machine à tuer" du régime syrien et mettre fin à une "tragédie humanitaire". Des "mesures rapides et décisives", a enjoint Nabil Al-Arabi, soulignant toutefois que les pays arabes s'efforçaient d'éviter une intervention militaire étrangère, rapporte l'AFP.

Les dirigeants de l'Union européenne réunis en sommet à Bruxelles ont demandé lundi soir à l'ONU de "prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à la répression".

Toujours selon l’AFP qui déclare en détenir une copie, le texte de la dernière version d'un projet de résolution affirme le soutien du Conseil au plan de règlement de la Ligue arabe annoncé le 22 janvier et en reprend les grandes lignes.

Ce texte préconiserait une "transition politique" qui verrait le président Assad déléguer "toute son autorité à son vice-président, en vue de coopérer pleinement avec un gouvernement d'union nationale". Des élections "libres et transparentes" seraient prévues sous supervision "arabe et internationale".

La résolution continue aussi "d'encourager tous les pays à adopter des mesures similaires" aux sanctions économiques inédites imposées par la Ligue à la Syrie en novembre dernier. Ces deux points sont toujours jugés inacceptables par la Russie.

La réunion du Conseil de sécurité ne suscite pas beaucoup d’enthousiasme. "J'espère que la réunion du Conseil de sécurité portera rapidement ses fruits et que le Conseil satisfera aux attentes de la communauté internationale", a appelé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon lors d'une conférence de presse conjointe avec le chef de la diplomatie jordanienne Nasser Jawdeh après leur entretien, rapporte l’AFP.

Intervenant sur la radio Europe 1, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères s'est dit très réservé. « Nous sommes bloqués par un certain nombre de pays, et principalement la Russie, qui fait opposition à toute résolution", a-t-il précisé, non sans écarter le principe d’une intervention militaire sur le territoire syrien. « Toute intervention extérieure pourrait amener une guerre civile », a-t-il commenté.

La Russie et la Chine, soutiens fermes de la Syrie, restent cependant sur leur position."Le projet de résolution occidental sur la Syrie au Conseil de sécurité ne va pas aboutir à la recherche d'un compromis, a déclaré, mardi, le vice-ministre des affaires étrangères, Guennadi Gatilov, cité par l'agence de presse russe interfax.

Moscou ne demandera pas à Bachar Al-Assad de démissionner, a affirmé plus tard le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, selon la même source. "C'est aux Syriens de décider eux-mêmes comment le pays doit être dirigé, sans aucune ingérence extérieure", a-t-il déclaré en Australie dans une interview pour la chaîne nationale ABC.

La répression des mouvements de contestation en Syrie a fait au moins 5000 morts depuis le mois de mars dernier.