Festival des Arts nègres : quand le groupe de danse fait voyager dans l'Afrique des profondeurs (REPORTAGE)
Le groupe Ki-Yi M'bock a fait voyager les festivaliers de Dakar grâce à un spectacle de chant, de danse et de théâtre, avec les modes musicaux des quatre coins de l'Afrique en toile de fond.
La troupe, dirigée par la camerounaise Wëré wëré Liking, a mis en scène quatre danseurs vêtus de costumes empruntés aux quatre coins du continent africain, au cours du spectacle de «concert théâtral» donné lors du Festival mondial des Arts nègres qui prend fin vendredi à Dakar.
En arrière fond, des masques en bois, bien enveloppés dans des pagnes tissées, font office de tambour. Au rythme des tam-tams ou encore du balafon, les danseurs interprètent les danses traditionnelles du continent, des Yorouba du Nigéria, au Massaï du Kenya en passant par les Peulh de la Guinée.
« Ces quatre personnes qui commencent la danse, il y a une qui représente l'Afrique Australe, une l'Afrique de l'Ouest, du Nord et du Centre. Se sont donc ces personnages qui essayent de voyager en essayant d'entrer dans les cultures des uns et des autres », explique la dirigeante du groupe.
Pour Koffi Serge Koiko, un des quatre danseurs, en interprétant ces différentes danses africaines, le groupe Ki-Yi M'bock lance le double message de l'unité africaine et du retour aux sources. Car, indique-t-il, « à partir de ce que l'on a, on peut créer de nouvelles choses. Ce sont nos valeurs qui constituent des richesses et nous demandons aux africains de les revisiter».
Des danseurs dans le rôle des enfants soldats
« Les masques représentent des diverses origines africaines tout comme les objets théâtraux et les costumes. C'est pour représenter la richesse de l'Afrique parce que pour nous l'Afrique n'est pas pauvre», renchérit Wëré wëré Liking.
Le groupe Ki-Yi M'Bock ne reste pas indifférent aux maux qui déchirent l'Afrique, comme les guerres civiles. Son spectacle qui s'intitule : « l'Afrique se lève » s'ouvre d'ailleurs par l'image d'un charnier. Des danseurs déguisés jouent le rôle d'enfants soldats. Armes à la main, ils essayent de tirer à bout portant sur le public. Une mis en scène qui incarne l'image négative de l'Afrique.
Il s'agit-là « d'une autocritique de choses qui nous semble inacceptables. Parce que pour nous, il est inacceptable qu'on donne des armes aux enfants alors qu'on ne peut pas les nourrir. De même pour le mépris des politiques face au non respect des droits humains », commente Koffi Serge Koiko.
Le groupe Ki-Yi M'bock est une compagnie de danse et de théâtre qui a été créé vers les années 80 par Wëré wëré Liking, une femme auteur et metteur en scène.