La mairie de Marseille persécute les Roms chassés par des riverains
Par N.TPublié le
La mairie de Marseille s’acharne sur les Roms qui ont été chassés de leur campement jeudi 27 septembre par des riverains. La maire adjointe déléguée à la sécurité porte plainte contre eux pour "occupation illégale" d’un entrepôt désaffecté dans le 15ème arrondissement.
"Je demande au préfet des Bouches-du-Rhône d'évacuer sans attendre cette installation illicite, dans le délai de flagrance (quarante-huit heures, Ndlr)", indique l'adjointe au maire déléguée à la sécurité, Caroline Pozmentier (UMP) dans un communiqué.
Passé cette date, si les quelque quarante personnes installées sur les lieux n'ont pas bougé, un dispositif d'accompagnement devra être mis en place, conformément à la circulaire interministérielle du 26 août 2012.
Les associations ont vivement réagi. La Ligue des droits de l'homme (LDH) dans les Bouches-du-Rhône dénonce « une persécution inhumaine un acharnement qui ne relève pas d'une vraie recherche de solution ».
"On veut déclencher une nouvelle guerre pauvres contre pauvres. On en veut moins aux habitants qui ont agi la semaine dernière qu'au préfet et à son ministre de tutelle, Manuel Valls, qui se livrent à une chasse aux Roms", a-t-on ajouté.
Jeudi soir, les traces de la présence des familles poussées à partir ont été incendiées par des habitants hostiles de la cité des Créneaux. Une enquête a été ouverte vendredi pour déterminer les circonstances des événements.
Des « interrogations » sur le rôle de la police…
La LDH soupçonne la police d’avoir laissé faire. Dans une lettre ouverte au procureur adjoint du TGI de Marseille, la fédération locale de la Ligue faisait état lundi de ses "interrogations" après avoir parlé aux familles chassées.
"Elles nous ont affirmé que des riverains se sont présentés bidon d'essence à la main, laissant entendre qu'ils avaient des armes", écrit la LDH, ajoutant qu'"il y a donc manifestement à éclaircir quel a été le rôle de la police au cours de ces événements".
Deux nouvelles procédures d'expulsion devaient être également examinées, lundi après-midi et mercredi, par la justice marseillaise concernant deux campements illicites de Roms dans les quartiers Nord et Est de la ville.
Les Roms viennent principalement de Roumanie et de Bulgarie, deux pays membres de l'Union européenne mais accusés par des organisations de défense des droits de l'homme de discrimination envers cette minorité.
On estime entre 15 000 et 20 000 le nombre de Roms vivant en France, généralement dans des campements insalubres en périphérie des grandes villes. Environ 3 000 Roms vivraient dans les Bouches-du-Rhône, dont la moitié à Marseille.