SNCM : le conflit social se corse dans l'illégalité
Par nicolas éthèvePublié le
Alors que l'ensemble des navires de la SNCM et de la Méridionale ont repris leur activité, suite au mouvement de grève lancé la semaine dernière par les marins CGT, le navire Le Corse, qui devait être affrété pour l'ouverture de la ligne Toulon-Bastia, est toujours bloqué à quai et occupé par une quarantaine de personnes, en partie cagoulées, souligne la direction de la SNCM. Le président du Tribunal de Marseille avait pourtant ordonné la semaine dernière que soit mis fin à tous les obstacles et entraves qui gênaient la manœuvre et empêchaient la liberté de mouvement du Corse...
Face à cette situation, la direction de la SNCM dirigée par le montpelliérain Marc Dufour a déposé un nouveau référé, dès lundi, auprès du tribunal de grande instance de Marseille. Et le TGI, qui avait déjà déclaré illégale la grève sur Le Corse, a sans surprise décidé mardi de faire procéder au déblocage du navire par huissiers pouvant être assistés de la force publique, a rapporté l'AFP qui s'est procurée une copie de ce jugement.
Une société d'huissiers marseillaise a ainsi été diligentée pour « procéder, après avoir notifié la présente ordonnance aux parties présentes, au déblocage du navire Le Corse en ordonnant à toute personne bloquant les accès et les manœuvres de les libérer ». Une astreinte de 150 euros par heure de retard, à compter de la délivrance de l'ordonnance, a également été fixée par le tribunal, en guise de tout préambule.
Valablement, illicitement...
La nouvelle de ce jugement a été annoncée ce mercredi par une porte-parole de la direction de la SNCM aux bloqueurs du bateau qui devait ouvrir la semaine dernière la nouvelle ligne en partance du port de Toulon. Et elle a, toujours selon l'AFP, été rejetée par les marins CGT, le représentant syndical Frédéric Alpozzo, réagissant en ces termes à la décision du TGI de Marseille : « La direction a obtenu une ordonnance en requête exceptionnelle (...) considérant qu'il y avait une urgence à faire libérer le navire par la force publique en expulsant le personnel qui est valablement en grève à bord du bateau ».
Valablement, illicitement... Les mots ont un poids. Pour Frédéric Alpozzo, vingt des quarante personnes à bord sont grévistes et la direction porte « atteinte au droit de grève ». Tandis que pour la direction de la SNCM et le TGI de Marseille, cette grève est tout simplement « illégale ». Pour ne pas dire anti-commerciale, alors que la création d'une centaine d'emplois était en perspective sur le port de Toulon, où la SNCM avait décidé de venir concurrencer l'entreprise « low cost » Corsica Ferries... Celle-là même que la CGT dit vouloir dénoncer pour son dumping social à travers ce blocage du Corse. En ce début de mois de février, le conflit social se corse plus que jamais à la SNCM...