"Un certain nombre d'entre eux, apparemment, se payaient sur la bête ou prélevaient leur dîme en espèces ou en nature..." (DR)

Marseille : Interpellations de policiers soupçonnés de se « payer sur la bête »

Quatre policiers marseillais ont été interpellés mardi 2 octobre par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) et des perquisitions ont été menées dans leurs locaux dans le cadre d'une enquête judiciaire portant sur le vol, l'extorsion d'argent, de stupéfiants et de cigarettes de contrebande, a-t-on appris de sources policière et judiciaire.

Le procureur de la République à Marseille, Jacques Dallest, a précisé de son côté à la presse qu’il s’agit d’enquêteurs de l'équipe de jour de la BAC (Brigade anti-criminalité) et que d'autres interpellations étaient prévues. Au moins sept policiers seraient dans le collimateur de l’IGPN, selon une source proche de l’enquête.

La « police des police » intervient dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en février dernier pour "vols en bande organisée, extorsion en bande organisée, infractions à la législation sur les stupéfiants", qui fait encourir aux suspects jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle. La garde à vue des suspects peut durer 96 heures.

« On les laisse repartir et on garde l’argent pour soi…

"Un certain nombre d'entre eux, apparemment, se payaient sur la bête ou prélevaient leur dîme en espèces ou en nature à des fins sans doute personnelles, ou peut-être pour accomplir leur travail d'infiltration du milieu délinquant", a affirmé le procureur, évoquant "une pratique assez répandue au sein de ce service et depuis assez longtemps".

L'affaire a été déclenchée en novembre 2011 sur la base de renseignements convergents concernant la BAC nord et de dénonciations faites dans la presse locale. Début septembre, un homme se présentant comme cet ex-policier de la BAC Nord, avait témoigné sur France 3 Alpes-Provence, de dos et la voix modifiée.

"L'argent coule à flot dans les cités et au lieu de faire notre boulot de flic, on va récupérer des jeunes dans des cités qui ont des sacoches ou de l'argent, puis on passe des petits deals: on les laisse repartir et on garde l'argent pour soi", avait-il dit, indiquant avoir subi "des menaces" pour avoir voulu dénoncer ces faits.