Actes de tortures et de traitements inhumains dans un « Guantanamo israélien »

Actes de tortures et de traitements inhumains dans un « Guantanamo israélien »

Depuis octobre 2023, environ 1 700 Palestiniens ont transité par Sde Teiman, un centre de détention installé sur une base militaire dans le sud d’Israël et fréquemment comparé à Guantanamo. Le journal français La Croix a recueilli des témoignages de détenus qui ont subi des actes de torture. Cinq ONG israéliennes ont saisi la Cour suprême pour demander l'arrêt de ce qu'elles considèrent comme des pratiques « inconstitutionnelles ».

Le journaliste gazaoui Diaa Alkahlout, qui a été incarcéré à Sde Teiman, en garde des cauchemars, rapporte La Croix : « C’était comme Guantanamo », raconte-t-il. Il y a passé trente-trois jours après son arrestation le 7 décembre 2023 à Beit Lahiya, dans le nord de Gaza, avec une cinquantaine d'autres civils. Des vidéos documentent cet épisode, montrant des hommes agenouillés en caleçon, les yeux bandés. Il a été libéré le 9 janvier.

Avant d'être transférés à Sde Teiman, Diaa et les autres ont subi de violents interrogatoires à la base militaire de Zikim. Diaa décrit comment il a été frappé, notamment au nez, « une zone particulièrement douloureuse en hiver lorsqu’on renifle ».

Le transfert à Sde Teiman s'est fait dans un camion, où ils ont été entassés dans des cages superposées. « On nous traitait comme des animaux », rapporte Diaa. Les conditions de détention étaient inhumaines : « Nous avions les yeux bandés et les mains menottées pendant trente-trois jours. On nous battait régulièrement et on nous forçait à rester debout les mains en l’air pendant des heures. »

D'autres centres de détention en Cisjordanie occupée

En plus de Sde Teiman, l'armée a transformé deux autres bases militaires en centres de détention : Anatot et Ofer, en Cisjordanie occupée. Selon Tal Steiner, directrice du Comité public contre la torture en Israël (PCATI), près de 2 000 personnes sont incarcérées sous le statut de "combattant illégal", sans droit à un procès ou à un avocat pendant quarante-cinq jours. 

Le complexe de Sde Teiman comprend aussi un hôpital de campagne où, selon un membre du personnel médical, les patients sont traités dans des conditions déplorables : « Les patients étaient attachés à leur lit par les mains et les pieds, les yeux bandés, nus sous une simple couverture malgré le froid. » Ce lanceur d'alerte parle de « torture psychologique » et de «déshumanisation».

Amputations sans anesthésie et os brisés

Oneg Ben Dror de l'ONG Physicians for Human Rights Israël (PHRI) décrit des abus tels que des amputations sans anesthésie et des os brisés : « On est face à une politique de revanche, poussée à son maximum depuis le 7 octobre. »

Un médecin israélien, qui a pu se rendre dans la base, témoigne : « Les détenus n'y sont pas traités comme des êtres humains ».

Ce médecin décrit des conditions déplorables où les prisonniers sont attachés, n’ont pas de noms, et subissent des traitements inhumains : « Ils portent des couches et restent allongés sur des lits, incapables de bouger. » 

Des prisonniers hospitalisés à Sde Teiman sont morts. Nadji Abbas de l’ONG Physicians for Human Rights Israël souligne qu'en six mois, le nombre de morts dans ces camps dépasse celui de Guantanamo en vingt ans.

La Cour suprême israélienne devrait examiner les plaintes des ONG le 5 juin.