France : la gauche en rangs dispersés face au gouvernement Bayrou
Par N.TPublié le
La décision du Parti socialiste (PS) de ne pas soutenir une motion de censure immédiate contre le budget présenté par le gouvernement de François Bayrou brise l’union du Nouveau Front populaire (NFP). Invité sur France Inter le 4 février, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a défendu ce choix en insistant sur la nécessité de « ne pas pratiquer la politique du pire ».
Le leader socialiste réaffirme toutefois l’opposition de son parti au gouvernement. « Nous n’avons aucune bienveillance envers ce gouvernement, mais nous devons éviter de créer un vide politique qui profiterait à l’extrême droite », a-t-il déclaré, soulignant que le PS déposera néanmoins sa propre motion de censure après l’adoption du budget, afin de recentrer le débat sur des enjeux « débarrassés des contraintes budgétaires ».
La France Insoumise (LFI) dénonce une « trahison »
Le camp de Jean-Luc Mélenchon a immédiatement réagi en annonçant le dépôt de deux motions de censure, qualifiant la position du PS de « capitulation sans condition face à Emmanuel Macron ». Le député Aurélien Le Coq (LFI) n’a pas mâché ses mots : « Le PS trahit et rejoint de facto la coalition macroniste. » Jean-Luc Mélenchon a enfoncé le clou sur son blog, estimant que le NFP était désormais «réduit d’un parti».
Face à ces attaques, les socialistes minimisent la portée de la crise. Un député PS rappelle que le NFP est avant tout un « accord électoral, pas un commandement unique », insistant sur la nécessité pour chaque parti de garder son autonomie stratégique. Olivier Faure, lui, justifie sa position par un « attachement à l’intérêt général » : « Laisser le pays sans budget aurait des conséquences dramatiques. Notre rôle n’est pas de jouer les pyromanes, mais d’éviter que l’extrême droite ne capitalise sur le chaos. »
Les écologistes et communistes tentent de calmer le jeu
Si LFI donne de la voix, d’autres partenaires du NFP adoptent un ton plus mesuré. Benjamin Lucas, député écologiste, déplore les divisions tout en refusant de voir dans cet épisode la fin de la coalition : « Ce budget est mauvais pour les Français, mais le NFP doit rester uni. Nous partageons un projet commun, et les socialistes affirment être dans l’opposition – je les crois.» Du côté du Parti communiste français (PCF), Yannick Monnet rejette toute idée d’exclusion du PS, critiquant les « méthodes de pression » de certains partenaires : « Le rassemblement n’appartient pas à une seule force. L’intimidation n’est pas acceptable. »
En attendant, le gouvernement Bayrou, fragilisé par l’usage répété du 49.3, bénéficie paradoxalement de ces divisions. La gauche, en se déchirant sur la méthode, peine à incarner une alternative crédible. Olivier Faure le concède implicitement : « La politique du pire, c’est la porte ouverte à un Premier ministre plus à droite, prêt à pactiser avec l’extrême droite. » Un argument qui, pour ses détracteurs, ressemble à une justification de la realpolitik.
Pour les socialistes, l’enjeu va à présent se déplacer sur le terrain électoral. L’alliance stratégique avec la LFI a du plomb dans l’aile