Que peuvent attendre les pays pauvres ?
Par N.TPublié le
Un an après Paris, la conférence sur le climat se tiendra du 7 au 18 novembre, à Marrakech. Le financement des efforts demandés aux pays pauvres, non responsables et premiers exposés aux dérèglements climatiques, sera la question centrale.
Et voilà la COP (conférence des parties à la convention des Nations unies sur les changements climatiques), qui prend à nouveau place dans le paysage médiatique pour sa 22e édition… La grand-messe autour du changement climatique aura lieu cette fois dans la ville marocaine de Marrakech, du 7 au 18 novembre prochain. Elle est supposée confirmer et donner un contenu concret aux conclusions de la précédente (COP21), qui s’est tenue à Paris du 30 novembre au 12 décembre 2015. Celle-ci avait abouti au fameux accord international sur le climat, obtenu par consensus et fixant comme objectif une limitation du réchauffement climatique entre 1,5°C et 2°C, d’ici à 2100.
Ratifié par plus de 80 pays couvrant près de 60 % des émissions de gaz à effet de serre – dont les États-Unis, la Chine, l’Inde et le Brésil –, le texte constitue une «avancée majeure dans la lutte contre les dérèglements climatiques», avait salué la présidence française de la conférence dans un élan de fierté accompagné d’un impressionnant tintamarre diplomatique.
Gare au tafta et au ceta
«L’“esprit de Paris”, qui a permis le succès de la COP21, est toujours vivant. La dernière ombre politique qui surplombe l’action climatique, à savoir le retrait des États-Unis de l’accord de Paris à la suite de l’élection d’un président climato-sceptique, semble s’éloigner», commente pour sa part Pascal Canfin, écologiste, qui fut ministre du Développement de 2012 à2014.
Dès lors, que peut-on donc attendre de la COP22 ? À quoi celle-ci peut-elle vraiment servir? L’étape est aussi décisive que la précédente, si l’on en croit l’infatigable Nicolas Hulot, qui fut l’envoyé du président Hollande pour la protection de la planète. «Tout reste à faire, les émissions de gaz à effet de serre ne font que croître. L’accord (de Paris – NDLR) n’est pas juridiquement contraignant. Il n’y a pas de sanction ! » s’alarme-t-il dans un entretien accordé à l’hebdomadaire « l’Usine nouvelle». Selon lui, «deux choses seront importantes à la COP22. D’une part, pousser les États dans leurs retranchements pour qu’ils disent quels sont les modalités, les choix et les investissements qu’ils vont faire en vue de tenir leurs engagements. D’autre part, que les pays du G20 qui n’ont pas pris d’engagements à la hauteur revoient leur copie». Et de rappeler, fort justement, que «l’Europe ne pourra pas tenir ses engagements si elle s’accommode des traités comme le Tafta et le Ceta, qui mettront à mal les normes et les barrières environnementales».
Dons ou prêts ?
Au-delà de la volonté politique affirmée de façon consensuelle à Paris se pose en fait à présent la question du passage à l’action et, plus précisément, du financement des efforts demandés aux pays pauvres, les moins responsables et les plus exposés aux conséquences du réchauffement. Les nations riches leur ont promis le transfert de quelque 100 milliards de dollars à l’horizon 2020. Or il semble que, pour l’instant, on est encore loin du compte. Les financements publics se situeraient entre 41 et 67 milliards, selon l’OCDE. Le reste est attendu du secteur privé… «Je n’ai toujours pas compris s’il s’agissait de dons, de prêts (...). Il faut clarifier ça. Sinon, la colère va monter», met en garde Nicolas Hulot. C’est dire l’importance des questions qui demeurent encore sans réponse.
Hors des arrangements diplomatiques, la COP22 à Marrakech devrait logiquement recentrer les échanges, les orientations et les décisions autour du sort des millions de laissés-pour-compte en première ligne face aux dérèglements climatiques, en Afrique subsaharienne, dans le Sud-Est asiatique et en Amérique latine… Il n’est pas de véritable bataille pour le climat sans une lutte contre la pauvreté et pour le développement.
Source: HD n° 533